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Magazine Pivot

Une nouvelle appli à l’assaut du gaspillage alimentaire

Too Good to Go, qui permet aux restaurateurs d’écouler leurs invendus, gagne en popularité.

L’entreprise Too Good To Go aurait déjà sauvé plus de 105 millions de repas. (Illustration Leeandra Cianci)

Au Canada, on jette 35,5 millions de tonnes de nourriture par an. C’est énorme. Et la planète s’en ressent. « Dans bien des pays, c’est un gaspillage effréné, qui représente 10 % des émissions de gaz à effet de serre », souligne Sam Kashani, directeur national au Canada de Too Good To Go, dont l’appli se taille un franc succès : restaurants et épiceries y écoulent leurs invendus au tiers du prix courant. 

Bien présente dans le monde, Too Good To Go compte plus de 48 millions d’utilisateurs et 128 000 établissements participants. L’entreprise aurait déjà récupéré plus de 105 millions de repas, et ce n’est pas fini. Fondée au Danemark en 2015, elle s’est implantée dans 17 pays avant de se lancer au Canada en juillet 2021, d’abord à Toronto, puis à Vancouver et à Montréal. Sans pour autant divulguer tous les chiffres, Sam Kashani ajoute que plus d’un millier de points de vente et de restaurateurs se sont mis de la partie fin 2021. « C’est un accueil enthousiaste et une croissance exponentielle, semaine après semaine. » 

Pour les chefs et les gourmands, l’intérêt de la démarche saute aux yeux.

À Toronto, Christine Trinh, qui a une boutique de vêtements d’occasion pour enfants, a repéré les annonces de Too Good To Go sur les médias sociaux. Le modèle proposé a touché une corde sensible. « Oui, l’idée me séduit. On pense à l’empreinte écologique, et la clientèle y trouve son compte. » Christine Trinh, vite devenue une habituée, a commandé via l’application une demi-douzaine de fois dès le premier mois. « On ne sait pas exactement ce qu’on va recevoir, mais on se régale. » Les restaurants préparent des sacs à surprises au gré des thèmes de l’heure. Pâtisseries, fruits et légumes frais, sandwichs, sushis sont à l’honneur. « C’est l’effet inattendu, j’ai toujours l’impression d’avoir gagné le gros lot. »

Pour Sam Kashani, l’appli fait trois gagnants. « D’abord, le consommateur, qui reçoit son sandwich, sa pizza, ses denrées au tiers du prix. Ensuite, l’établissement, qui récupère ses coûts et se fait connaître, d’où une fréquentation accrue. Enfin, la planète. On évite le gaspillage. J’y vois une victoire éclatante, à l’heure de la lutte contre les changements climatiques. » Évidemment, son entreprise, qui prélève une commission comme intermédiaire, s’en tire bien aussi.

De fait, Too Good To Go dégage une marge bénéficiaire et réinvestit pour prendre de l’expansion, elle qui entend essaimer dans la plupart des métropoles d’Amérique du Nord. Quant à sa certification B-Corp, elle est garante de la priorité accordée aux retombées sociales et environnementales.

Selon Rosemary McGuire, directrice, Information destinée à des tiers et marchés financiers, Recherche, orientation et soutien, à CPA Canada, c’est grâce à l’appui de consommateurs déterminés à s’associer à des marques qui incarnent leurs valeurs que les innovatrices axées sur l’environnement – comme Too Good To Go – réussissent à briller. « L’employeur qui défend une mission sociale marque des points et pourrait devancer ses concurrents. En plus, les jeunes aspirent à travailler pour une entreprise qui épouse leurs idéaux, une entreprise citoyenne, en somme. Et dans un contexte où la durabilité s’impose, la guerre des talents fait rage. »

Too Good To Go a une autre corde à son arc, et non des moindres : la sensibilisation. Elle exerce des pressions pour faire modifier les règles d’étiquetage – pour les dates de péremption, entre autres – et s’efforce de promouvoir la réduction du gaspillage. 

Comment? Elle s’associe avec des banques alimentaires comme Daily Bread et prévoit participer à des programmes implantés dans les établissements d’enseignement d’un océan à l’autre. 

Rosemary McGuire ajoute que, compte tenu de la fréquence accrue des intempéries catastrophiques (en font foi les déluges récents en Colombie-Britannique), les questions environnementales se hissent au premier rang des préoccupations. C’est aussi le cas des contrecoups de la COVID-19, déclinés sur divers plans. Et de citer, pêle-mêle, la montée inéluctable du télétravail et la qualité de vie des travailleurs, sans oublier la primauté de la santé et de la sécurité publiques. « La prise de conscience s’est accélérée, et il serait impensable de faire marche arrière. » 

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