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Gros plan de la micropuce implantable de VivoKey équilibrée sur un doigt.
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Vous feriez-vous greffer une micropuce dans la main?

Grâce à une puce implantable, déverrouillez des portes et consultez des sites Web d’un simple geste de la main.

Gros plan de la micropuce implantable de VivoKey équilibrée sur un doigt.Les premiers implants de VivoKey coûtent 49 $ US et ont la taille de deux grains de riz. (Daniel Neuhaus)

Amal Graafstra n’a jamais ses clés sur lui. Il s’est fait greffer entre deux doigts une micropuce qui, automatiquement, déverrouille la porte de sa demeure de Seattle, et lui donne aussi un accès direct à certains sites Web choisis. Il n’a qu’à s’approcher de la serrure ou de son portable : la puce d’identification par radiofréquence (RFID) fait le reste, sur le principe de la carte de crédit sans contact.

Ce genre d’implant corporel futuriste existe depuis au moins 15 ans, et M. Graafstra s’en est doté dès 2005. Mais cette innovation restait l’apanage des mordus de technologie. Les choses ont changé : selon Ars Technica, site Web techno grand public, entre 50 000 et 100 000 personnes porteraient désormais une micropuce.

M. Graafstra espère élargir le marché. Dès 2013, son entreprise, VivoKey Technologies, a commencé à vendre en ligne des micropuces. De la taille de deux grains de riz, elles coûtent entre 49 $ US et 129 $ US. Un médecin ou un spécialiste du perçage peut les implanter sous la peau, entre le pouce et l’index. Depuis 2014, M. Graafstra a vu ses ventes bondir de plus de 700 % : « Après quelques années, parti de rien, je suis passé à des milliers d’implants vendus dans le monde. »

100 000 personnes dans le monde porteraient déjà une micropuce.

Mais la plupart des consommateurs hésitent devant les risques d’ordre éthique ou médical (défectuosité), et s’inquiètent de leur sécurité (surveillance ou piratage). Pourtant, les implants VivoKey, qui échappent au suivi par GPS, sont protégés par chiffrement contre les maliciels. 

Nikolas Badminton, conseiller à Toronto, oriente les cadres sur les innovations technologiques. Il s’est lui aussi fait greffer une puce VivoKey dans la main : « L’implantation d’une micropuce deviendra un jour aussi banale qu’un tatouage. » Il convient que le public accueillera volontiers les applications médicales (comme les capteurs glycémiques pour diabétiques), mais hésitera devant les implants moins essentiels. Neuralink, entreprise en démarrage d’Elon Musk (qui a lancé Tesla), entend créer des implants pour permettre aux tétraplégiques d’actionner par ondes cérébrales leur téléphone et leur ordinateur.

En Suède, où la société Biohax, concurrente de VivoKey, a déjà vendu plus de 4 000 implants, le transporteur ferroviaire national a même installé des lecteurs à radiofréquence pour lire les billets électroniques stockés sur les puces sous-cutanées. Est-ce la voie de l’avenir? « Lunettes, montres, casques d’écoute : autant d’exemples de nouvelles technologies qui s’adaptent au corps, résume M. Badminton. On va un peu plus loin avec les micropuces. »