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Poursuites
Magazine Pivot

Service non compris

L’ARC a l’œil sur les pourboires non déclarés.

Dans Candide, de Voltaire, on dit qu’en Angleterre, « il est bon de tuer de temps en temps un amiral pour encourager les autres ». Cette année, l’Agence du revenu du Canada prend, elle aussi, des mesures énergiques pour l’exemple : elle a soumis à l’audit des serveurs de la chaîne de restaurants Murphy Hospitality Group (Î.-P.-É.) pour savoir s’ils avaient déclaré tous leurs pourboires en 2014 et 2015. Puisque certains n’en auraient déclaré qu’une fraction (estimée à 10 %), cette mesure devrait s’avérer instructive et lucrative. En 2012, l’ARC avait audité 145 serveurs de restaurant de St. Catharines et constaté des revenus de 1,7 M$ en pourboires non déclarés, soit près de 12 000 $ par serveur. « Le montant des revenus non déclarés est très étonnant », soulignaient avec flegme les auteurs d’un rapport interne.

12 000 $ : Revenus moyens non déclarés par serveur, selon un audit realize par l’ARC.

L’ARC peut désormais repérer plus facilement les pourboires non déclarés, explique Paul S. Hewitt, CPA et expert-conseil en restauration à Toronto. « Lorsqu’on payait surtout comptant, il était difficile d’auditer les serveurs. Maintenant qu’on paie par carte, l’ARC peut exiger d’eux le détail de leurs pourboires et le comparer à leur déclaration de revenus. » M. Hewitt leur recommande de déclarer tous leurs pourboires, et déconseille aux propriétaires d’intervenir dans la répartition des pourboires. S’ils en remettent une part au personnel de cuisine, par exemple, l’ARC considère qu’il s’agit d’un revenu du restaurant, et non d’un paiement direct aux serveurs. De ce montant dépendent les cotisations au RPC et à l’assurance-emploi, les chiffres des feuillets T4 et le montant de la TVH due. « Même si les restaurateurs le font par souci de justice, ils pourraient s’en trouver désavantagés », prévient M. Hewitt.