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Deux programmeurs développant et examinant la technologie de codage
Innovation
Intelligence artificielle

L’IA ajoute une valeur inestimable et améliore l’efficience (paroles d’experts)

Les algorithmes peuvent analyser des millions de transactions en quelques secondes, permettant ainsi aux comptables de se concentrer sur des tâches plus exigeantes, mais aussi plus valorisantes.

Deux programmeurs développant et examinant la technologie de codageSelon une récente étude, 89 % des entreprises n’ont pas encore recours à l’IA parce que leur équipe des finances interne na pas les compétences nécessaires pour sen charger. (REDPIXEL.PL-Shutterstock)

Qu’elles œuvrent dans des secteurs aussi variés que ceux des soins de santé, de la fabrication ou des assurances, les équipes des finances tardent à adopter l’intelligence artificielle (IA), selon un récent sondage. Une étude menée par Oracle et l’Association of International Certified Professional Accountants auprès de 700 leaders financiers dans le monde montre en effet que 89 % des entreprises n’ont pas encore recours à l’IA niveau finances, faute d’avoir les compétences à l’interne pour le faire.

Éric Nguyen, directeur principal et expert en intelligence artificielle et analytique avancée chez Raymond Chabot, est du même avis : « La profession évolue encore lentement; nous sommes toujours dans une phase de sensibilisation. Les façons de faire de nombreuses entreprises n’ont pas changé, et les projets innovants ne sont pas si courants. » [Voir Intelligence artificielle : À la traîne, les entreprises canadiennes?]

On peut se désoler qu’une adoption si lente de l’IA se traduise par des occasions manquées quand on sait que, selon la même étude, 46 % des entreprises qui exploitent l’IA ont noté une augmentation de leur chiffre d’affaires, comparativement à 29 % pour celles qui n’ont pas franchi le pas.

UN UNIVERS EN CROISSANCE RAPIDE

Grâce à l’émergence des algorithmes, les applications de l’IA ne cessent de se multiplier, et rapidement. Il suffit de penser aux robots conversationnels ou à l’Internet des objets. Avec les algorithmes apprenants, qui améliorent la capacité d’analyse des machines, même la robotisation des processus (ou RPA, pour robotic process automation) devient « robotisation intelligente », limitant encore plus les interventions humaines. Une telle automatisation permet ainsi, par exemple, de traiter un courriel contenant une facture, c’est-à-dire d’en extraire les données pertinentes et importantes, et de les entrer dans un système pour optimiser le traitement, comme le ferait un comptable.

Ces applications se révèlent bien utiles pour la préparation de déclarations de revenus et la tenue de comptes. Plutôt que de devoir saisir un à un les chiffres inscrits sur différents relevés, vous pouvez, grâce à Visor, téléverser des documents (après les avoir scannés ou photographiés). L’application se charge seule de la suite, jusqu’à la production de la déclaration de revenus. Mentionnons aussi Botkeeper, une autre application qui allie IA et apprentissage machine. Il s’agit d’une plateforme de tenue de comptes entièrement automatisée – et disponible en tout temps.

« L’IA apporte beaucoup de valeur et accroît l’efficience, en plus de faire baisser les coûts, poursuit M. Nguyen. Un algorithme peut analyser des millions de transactions en quelques secondes, alors qu’il faudrait des mois à une personne pour le faire. L’humain peut se concentrer sur des choses plus exigeantes, mais aussi plus intéressantes, il faut bien le dire. »

Nouvelles attentes, nouveaux horizons

Une bonne nouvelle, car la demande a évolué. Selon une enquête menée pour Sage en 2018 auprès de 3 000 comptables dans huit pays, 83 % des répondants affirment que leurs clients ont des attentes plus élevées qu’il y a 5 ans, et que 42 % souhaitent obtenir des conseils stratégiques. Voilà qui peut expliquer pourquoi les deux tiers des comptables s’intéressent à l’automatisation fondée sur l’intelligence artificielle.

M. Nguyen compare le sort de ceux qui n’adopteront pas l’IA à celui des artisans à l’époque de la révolution industrielle. « Il est difficile et coûteux de transformer une entreprise établie, mais celles qui n’adopteront pas l’IA vont devenir les artisans du XXIe siècle – artisans non pas dans le sens de bâtisseurs, mais dans celui de petits travailleurs manuels. Ils seront condamnés à affronter des adversaires bien plus performants, nés à l’ère des technologies. »

Un rapport publié récemment par Deloitte le confirme : 70 % des entreprises sondées ont commencé à déployer la robotisation des processus pour augmenter leur productivité (38 %), améliorer l’expérience client (18 %) ou automatiser à grande échelle (16 %). « [La] réduction des coûts [...] n’est aujourd’hui plus une priorité pour les entreprises qui investissent dans la RPA; on se concentre davantage sur l’amélioration des performances pour rester compétitif », peut-on lire.

En 2017, l’assureur japonais Fukoku Mutual Life avait fait les manchettes après avoir remplacé 34 employés par la plateforme Watson Explorer, d’IBM, afin d’améliorer la prise de décisions et le service à la clientèle. Le groupe estimait pouvoir augmenter sa productivité de 30 % et économiser plusieurs millions de dollars dès les deux premières années.

L’AVENIR DE LA COMPTABILITÉ

Cela dit, les humains que nous sommes ne doivent pas s’inquiéter outre mesure. L’automatisation de la prise de décisions qui va de pair avec l’adoption de l’IA suppose une bonne compréhension des enjeux, qui doivent être évalués sur les plans légal, social ou éthique, par exemple.

« L’audit est une pratique très encadrée, alors il est normal que le changement soit plus lent, notamment parce que de nouveaux outils devront être utilisés pour la certification, souligne M. Nguyen. Mais, plus que jamais, on aura besoin dans les entreprises de personnes capables d’apposer leur sceau et de certifier qu’aucune variable socialement inacceptable (comme le sexe, l’ethnie ou le salaire), ou obtenue de façon illégale, n’est entrée en jeu dans les algorithmes. »

Pour Éric Nguyen, l’audit des algorithmes est un des défis majeurs des cinq prochaines années, et les CPA sont clairement parmi les mieux placés pour le relever.

EN SAVOIR PLUS SUR L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Le nouveau guide Introduction d’un CPA à l’IA : Ce que vous devez savoir, des algorithmes à l’apprentissage profond vous aidera à mieux comprendre certains termes et à comprendre aussi en quoi l’IA pourrait avoir une incidence sur votre travail.

Nous vous invitons à prendre part au Forum national sur les technologies 2019, qui se tiendra à Toronto. Des leaders du domaine pourront vous en apprendre plus au sujet des technologies émergentes et de leur utilité pour la comptabilité, les finances et les affaires en général.