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Femme ayant un appel de vidéoconférence tout en travaillant à domicile
Comptabilité
La profession

Quels impacts la pandémie aura-t-elle sur le travail des comptables?

En quelques mois, les organisations ont dû adopter de nouvelles habitudes. Autant de changements importants qui transformeront à jamais le quotidien des CPA.

Femme ayant un appel de vidéoconférence tout en travaillant à domicileTélétravail oblige, les interactions avec les clients ont pris la forme de vidéoconférences, en lieu et place de réunions en personne et d’appels téléphoniques. (Getty Images/pixelfit)

La pandémie n’est pas encore finie que les organisations doivent se préparer pour la suite en tenant compte d’une nouvelle réalité. Les cabinets comptables ne font pas exception.

« Individus comme entreprises, tout le monde a été obligé de s’adapter parce qu’on ne pouvait plus faire comme avant – surtout que personne ne savait comment les choses allaient évoluer, analyse Ismail Akhter, CPA, directeur adjoint, Membres en cabinet, audit, certification et information financière, à CPA Canada. Résultat : une accélération de la prise de décisions, qui a tourné à l’avantage de ceux capables de suivre le rythme. »

Audit revisité, transformation numérique accélérée, fragilité dévoilée… Les exemples ne manquent pas pour rendre compte des conséquences de la COVID-19.

1. INVESTIR DANS LES TECHNOLOGIES

Le confinement a commencé vers la mi-mars, quelques semaines avant la date limite de production des déclarations de revenus. Même si cette date a ensuite été reportée, la situation incarne bien le défi auquel de nombreux petits cabinets ont fait face : plonger dans l’urgence dans un monde dématérialisé. 

Pour Ismail Akhter, l’enjeu n’est pourtant pas nouveau. « Quiconque ne s’est pas déjà affranchi du papier est en train de perdre la bataille. Archivage, documentation, tout cela aurait dû être fait il y a 10 ans. » 

Mais cela reste du cas par cas : « Chacun doit bien analyser combien investir dans les nouvelles technologies. Voyez en fonction de votre clientèle quels gains d’efficacité vous pouvez concrètement réaliser en adoptant par exemple des solutions infonuagiques, car dans certaines situations, ce ne sera pas toujours avantageux », admet-il. 

Dans un rapport destiné à rendre les leaders des TI plus résilients dans leur façon de voir demain, Deloitte Canada propose justement plusieurs pistes, dont une approche privilégiant l’infonuagique, la collaboration virtuelle par défaut et le télétravail.

« Les grands joueurs de l’industrie, comme nous, investissent des millions par année en TI, explique Emilio B. Imbriglio, FCPA, FCA, président et chef de la direction de Raymond Chabot Grant Thornton. Pour atteindre le même niveau, à leur échelle, certains cabinets mettront des années. Cela dit, il existe de nombreux investissements en infonuagique ou dans un portail clients qui peuvent s’avérer très utiles même s’ils sont modestes. »

2. DÉVELOPPER DE NOUVELLES RELATIONS NUMÉRIQUES

Avec le passage au télétravail, les interactions vont aussi changer, prévient Ismail Akhter. Aux appels téléphoniques et aux rencontres physiques, qui ne sont plus forcément possibles, on privilégiera la vidéoconférence.

« On tenait pour acquis que de nombreuses réunions devaient avoir lieu en personne, mais pourquoi, au fond? s’interroge-t-il. C’est loin d’être vrai. Un interlocuteur n’est pas moins important à mes yeux parce qu’il n’est pas physiquement en face de moi. »

Emilio B. Imbriglio approuve. « Les relations numériques sont un défi, pour nous, entreprises habituées à établir des relations bâties sur la confiance, l’éthique et la déontologie. Si une relation préexistait, il sera plus facile de passer en mode virtuel, alors que démarcher un nouveau client qui n’a jamais entendu parler de vous va être plus difficile. »

Comment, dans ce contexte, créer une relation de confiance? « Cela peut commencer par des choses simples comme un repas livré simultanément à tous les participants d’une réunion virtuelle, où qu’ils se trouvent, histoire de briser la glace. Qu’elle concerne un nouvel employé ou un nouveau client, la relation humaine numérique devra être repensée », poursuit le grand patron de Raymond Chabot Grant Thornton.

L’aspect positif, selon Ismail Akhter, c’est que les gens disposent déjà des outils technos pour facilement entrer en relation. « Vous n’avez plus à être au bureau de 9 heures à 17 heures pour organiser quelque chose. Vous pouvez le faire immédiatement et plus souvent qu’avant, de chez vous, grâce à Teams par exemple. C’est l’occasion d’être un conseiller encore plus présent. » 

3. REPENSER L’AUDIT

La pandémie a donc poussé de nombreuses organisations à accélérer leur transformation numérique. L’audit illustre bien ce changement de paradigme. Puisque, pour plusieurs raisons, il n’était plus possible d’aller sur place, les auditeurs ont dû s’adapter

Raymond Chabot Grant Thornton a eu davantage recours à son réseau mondial de collaborateurs, soit près de 56 000 personnes réparties dans 140 pays, explique Emilio B. Imbriglio. « En plus de réduire notre empreinte carbone, nous avons beaucoup appris, par exemple à piloter une vérification à distance, au sens figuré comme au sens propre, en se servant de drones pour faire l’inventaire. »

Les drones, en effet, étaient déjà utilisés à cette fin à l’occasion, confirme Ismail Akhter, mais là, on est passé à la vitesse supérieure en faisant appel à des tiers qui ont pris le relais. « Était-ce faisable? Oui. Efficace? Plutôt. Fiable? Eh bien, fonder vos observations sur ce qu’une personne voit pour vous comporte toujours des risques, mais cela génère aussi des gains d’efficacité. »

4. SURVEILLER DES ENTREPRISES VULNÉRABLES

Les prochains mois seront déterminants selon Emilio B. Imbriglio. « Les aides gouvernementales agissent comme un respirateur sur les entreprises, sans toujours tenir compte de leur spécificité. En regardant objectivement la situation, on pourra déterminer quelles entreprises sont les plus résilientes et comment on pourra les aider. »

Voilà pourquoi certaines organisations vont devoir modifier leur modèle de gouvernance et de gestion (financement, délais d’amortissement, durée de vie d’actifs…) pour compenser la baisse de revenus. Mais là encore, ce sera du cas par cas.

C’est dire si les services attendus des cabinets comptables, comme Raymond Chabot Grand Thornton, vont changer en 2021. « Moins de services-conseils liés à l’empreinte carbone des entreprises ou à la planification fiscale (à cause des pertes de revenus), et hélas, plus de cas d’insolvabilité et de faillites pendant un certain temps. Dans tous les cas, il faudra réinventer l’avenir, en tenant compte des besoins et des attentes des clients, et des leçons tirées de la crise. »   

GARDER UNE LONGUEUR D’AVANCE

Même quand la crise sera derrière nous, la transformation rapide du monde se poursuivra. Voilà pourquoi les comptables ne doivent pas cesser de rafraîchir leurs compétences. Découvrez également comment des entrepreneurs avisés canalisent leur créativité dans des concepts axés sur une nouvelle réalité et quels sont les secteurs prometteurs pour l’après-COVID-19.

Tenez-vous également au courant des avancées du projet de CPA Canada, Voir demain : Réimaginer la profession. Cette initiative a pour but de cerner les inducteurs de changement qui influeront sur l’avenir de la profession.