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Homme âgé choisissant du pain au supermarché
Canada
Tendances

Découvrez comment contrer la « réduflation » et éviter d’en avoir moins pour le même prix

Vous avez constaté que les emballages et les produits sont de plus en plus petits, sans que les prix baissent pour autant? Voici trois conseils pour garder la maîtrise de vos factures d’épicerie et de vos autres dépenses.

Homme âgé choisissant du pain au supermarchéPour lutter contre la « réduflation », les experts recommandent de vérifier le prix unitaire affiché en magasin quand vous achetez des denrées alimentaires ou des produits de nettoyage et de soins personnels. (Getty Images/Tom Werner)

Le sac de croustilles est plus léger? Les rouleaux de papier hygiénique sont plus petits? La forme du contenant de votre jus d’orange préféré a changé? Vous n’avez pas la berlue.

« Réduflation » (shrinkflation) est un terme utilisé pour décrire la pratique qui consiste à réduire la taille ou le volume des produits pour les vendre au même prix. Cette pratique est bel et bien visible sur les rayons des magasins.

Et la population n’est pas dupe. Selon un rapport récent du Laboratoire en sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, nous sommes trois sur quatre à avoir noté une réduction de la quantité ou du format des produits alimentaires, alors que le prix reste le même. Bien que cette pratique touche aussi les articles de soins personnels et d’autres marchandises, c’est parmi les produits d’épicerie, de boulangerie et la viande qu’on trouve les exemples les plus flagrants de ce phénomène.

Voici trois façons de rester à l’affût de la réduflation lorsque vous parcourez les allées des magasins. 

1) COMPRENDRE LE FONCTIONNEMENT DE LA RÉDUFLATION

La réduflation relève de principes économiques élémentaires, explique Sridhar Moorthy, titulaire de la chaire Manny Rotman et professeur de marketing à la Rotman School of Management de l’Université de Toronto.

Selon M. Moorthy, lorsque les coûts de fabrication augmentent, les prix ont tendance à monter. Ainsi, à l’heure actuelle, les goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement, la pénurie de main-d’œuvre et les défis liés à la COVID-19 contribuent tous à la hausse des prix.

Pour maintenir leurs marges bénéficiaires dans un contexte comme celui-là, les fabricants doivent rechercher la solution la plus avantageuse : augmenter le prix du produit ou en réduire la taille ou le volume, précise M. Moorthy.

Les fabricants choisissent souvent cette deuxième option, car les recherches montrent qu’elle est moins perceptible. Une étude réalisée en 2014 par le Journal of Retailing a révélé qu’il était quatre fois plus probable qu’un consommateur achète un produit même si l’on en réduisait la quantité que si l’on en augmentait le prix sans changer le format.

« Les gens sont davantage conditionnés à regarder le prix que la quantité, ajoute M. Moorthy. C’est précisément pour cette raison que les prix unitaires sont affichés. Cependant, de nombreux consommateurs ne vérifient pas les prix unitaires et sont donc mal renseignés. »

Comme il faut des mois, voire des années, pour que les effets de la réduflation se fassent réellement sentir, le consommateur en est moins conscient, renchérit Sylvain Charlebois, directeur principal du Laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire et professeur en distribution et politiques agroalimentaires.

« Le nombre de biscuits passera de 15 à 17 [dans un paquet], mais ils seront plus petits. Puis, on reviendra à 15 biscuits, sans toutefois augmenter leur taille, dit-il. [Les fabricants] procèdent en douce. »

2) ÊTRE UN ACHETEUR PROACTIF

Avec la hausse du prix des aliments, les habitudes d’achat des Canadiens et des Canadiennes changent, indique le rapport de l’Université Dalhousie. Ainsi, plus de 40 % des répondants disent avoir modifié leurs comportements pour économiser, notamment en portant plus attention aux soldes et aux aubaines, en lisant les prospectus et en utilisant les coupons rabais.

Cette même prise de conscience peut s’appliquer à la réduflation, soutiennent les experts. En plus de vérifier l’emballage, la taille et le poids des produits, les consommateurs peuvent comparer les prix unitaires affichés en magasin.

« Dans un contexte d’inflation, il faut être plus attentif aux prix unitaires », affirme M. Moorthy.

Il peut aussi être utile d’avoir recours au téléphone cellulaire pour consulter les prix des concurrents et calculer ses dépenses pendant le magasinage – particulièrement dans le cadre de la croissance du commerce électronique et de l’épicerie en ligne, qui ne permettent pas de voir en personne les produits.

Si la réduflation est souvent perçue comme une stratégie sournoise, M. Charlebois rappelle que la plupart des détaillants alimentaires fournissent aux consommateurs des renseignements sur les prix, dont le prix unitaire. Par ailleurs, sur une note plus positive, il ajoute que cette pratique permet de réduire le gaspillage alimentaire et les déchets d’emballage à long terme.

« Il n’y a rien de caché, conclut-il. En fait, la réduflation repose sur les attentes des consommateurs, qui cherchent en permanence des aliments à bon prix. »

3) ADAPTER SES PRÉFÉRENCES

Si vous constatez que vous payez le même prix pour une quantité moindre, il pourrait valoir la peine de revoir vos habitudes d’achat, suggère Jamie Smith, CPA, cofondatrice et chef des finances du cabinet Amplify Advisors à Calgary.

Demandez-vous si vous avez besoin d’acheter cette marque en particulier, dont la marge brute est plus élevée, ou si un produit comparable d’une marque générique pourrait faire l’affaire. Si vous êtes fidèle à une marque, voyez s’il existe un format différent – peut-être un format familial – qui vous offrirait un meilleur prix unitaire. Pouvez-vous acheter moins souvent certains produits, ou ne plus les acheter du tout?

« Les articles d’une qualité ou d’une marque particulière qui avaient autrefois votre faveur ne sont peut-être plus des produits intéressants maintenant que leur prix unitaire a changé. Il pourrait exister des options moins coûteuses », souligne Mme Smith.

En matière de préférences, la population s’adapte, selon l’étude de l’Université Dalhousie : en raison de la hausse des prix, 49 % des participants ont acheté moins de viande au cours des six derniers mois, et 37,5 % ont acheté plus de marques de distributeur – ou marques maison – par rapport à 2020. Les produits soldés à date de péremption proche ou les étiquettes « à déguster ce soir » gagnent aussi en popularité.

Ces changements doivent cadrer avec votre budget et votre plan financier, fait observer Mme Smith. « Commencez à penser à maximiser la valeur de chaque dollar. »

INFLATION, COMMERCE DE DÉTAIL ET PLUS ENCORE

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