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Femme d'affaires inquiète debout dans un magasin de vêtements à la recherche de papiers dans sa main.
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PME

Votre entreprise est-elle en difficulté? Soyez à l’affût des signes avant-coureurs.

Est-ce le moment de fermer boutique? Voici comment savoir s’il est temps d’évaluer vos options.

Femme d'affaires inquiète debout dans un magasin de vêtements à la recherche de papiers dans sa main.Si les factures en souffrance s’accumulent au point où les fournisseurs vous excluent de leur clientèle, c’est un signal d’alarme sans équivoque qu’il ne faut surtout pas ignorer. (Getty Images/aldomurillo)

Aucun entrepreneur n’est enchanté à la perspective de devoir dire adieu à l’entité qu’il a fondée et fait grandir. 

Or, quand la situation se corse, la survie dépend parfois de la capacité à reconnaître en amont les indices révélateurs de problèmes et à se préparer en conséquence.

Voici plusieurs signes qui devraient vous alerter et vous aider à décider s’il est temps de recenser et d’évaluer vos options. 

1) UNE TRÉSORERIE EN BERNE

Le critère numéro un pour évaluer la viabilité d’une entreprise, et celui qui détermine tout le reste, c’est la trésorerie. « Nous conseillons à nos entreprises clientes d’avoir des réserves de fonds suffisantes, et des projections des flux de trésorerie pour 13 ou 14 semaines, explique Sandy Lyons, CPA, PAIR, directeur principal chez Grant Thornton. Et dans le contexte actuel, il est particulièrement important d’incorporer la loi de Murphy dans ses projections : selon celle-ci, tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal. »

David Sieradzki, CPA, PAIR, et directeur principal chez KSV Advisory, abonde dans ce sens. « La crise de la COVID-19 nous a montré que de nombreuses entreprises négligent de mettre de l’argent de côté pour les jours de vache maigre. Elles subsistent d’une semaine à l’autre (ou d’un versement des salaires des employés et d’un paiement de loyer à l’autre). Bon nombre d’entreprises qui ont déclaré faillite ou présenté une demande de protection contre leurs créanciers prévue par la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) ces derniers mois, comme certaines chaînes de magasins de détail, étaient déjà en mauvaise posture bien avant la crise sanitaire. D’autres cherchent encore des options de restructuration avec leurs prêteurs et conseillers et tentent de déterminer si elles peuvent poursuivre leur exploitation. Bien que l’on ait vu, en mai et en juin, un nombre record de demandes en vertu de la LACC (10 et 12, respectivement), les vraies conséquences de la pandémie n’apparaîtront pas avant la fin de l’année ou même en 2021.

2) DES SUBVENTIONS EN GUISE DE STRATÉGIE

L’une des particularités de la crise actuelle est le nombre inédit de programmes gouvernementaux destinés à aider les PME à braver la tempête. 

Comme M. Lyons le fait remarquer, « à un moment donné, plus de 300 programmes différents étaient offerts, toutes provinces, municipalités et industries confondues. Une entreprise doit donc savoir lesquels s’appliquent à elle et à quelles conditions. Des cautionnements personnels et des engagements futurs à rembourser sont-ils demandés? Y a-t-il des clauses restrictives? L’évaluation de ces questions peut devenir un travail à temps plein. »

Quel que soit le programme choisi, il est important de ne pas le considérer comme une solution en soi, met en garde M. Sieradzki. « Une subvention ne rend pas votre entreprise viable. En fait, il se peut qu’elle ne fasse que retarder l’inévitable. Une subvention n’a d’utilité que lorsqu’elle permet de passer un cap difficile jusqu’au moment où l’on peut voler de nouveau de ses propres ailes ».

3) LA PRESSION DES FOURNISSEURS

Lorsque les rentrées de fonds diminuent, les entreprises sont forcées de prolonger le délai de règlement des fournisseurs et de gérer étroitement leur trésorerie, dit M. Sieradzki. 

« Mais si les factures en souffrance s’accumulent au point où les fournisseurs exigent le paiement à la livraison ou vous excluent carrément de leur clientèle, c’est un signal d’alarme sans équivoque, poursuit-il. Cela veut dire que les délais de paiement ont été étirés à leur maximum. La pandémie est-elle alors la seule cause? Elle a peut-être précipité les problèmes de trésorerie de certaines entités, mais il y a fort à parier que celles-ci étaient engagées sur la mauvaise voie bien avant l’apparition de la COVID-19 ». 

4) DES PRÊTEURS PRÉOCCUPÉS

Si vous avez un emprunt auprès d’une banque ou de créanciers titulaires de sûretés, vous allez devoir générer assez de flux de trésorerie positifs pour les tenir à distance, dit M. Lyons. 

Bien sûr, ce n’est pas toujours possible. Voilà pourquoi, même si un certain nombre de banques ont desserré leurs exigences de prêts en ne demandant que le versement des intérêts ou en accordant d’autres prêts, beaucoup d’entreprises ne s’en prévalent pas. « Elles déclarent que c’est fini, qu’elles ne peuvent pas continuer », constate M. Lyons.

5) UNE MOTIVATION QUI CHANCELLE

Les propriétaires de PME mettent souvent leurs fonds personnels sur la table pour obtenir du financement pour leur entreprise, en acceptant de devenir codébiteur ou en se portant caution. En cas de problèmes de trésorerie, la question se pose de savoir combien de fonds supplémentaires ils sont prêts à engager à titre personnel dans l’entité. 

« On admire toujours les entrepreneurs pour leur optimisme, rappelle M. Sieradzki. Mais dans le contexte actuel, ils doivent porter un regard critique et honnête sur les affaires et décider si le cœur de l’activité est encore viable. Les projections et la planification ne seront utiles que si elles sont pragmatiques. Les conseillers ont aussi un rôle à jouer en proposant aux clients un éclairage réaliste. »

M. Lyons est d’accord. « En principe, je dirais à mes clients de ne pas investir davantage dans leur entreprise à moins de savoir comment et pourquoi le faire, indique-t-il. Quoi qu’il en soit, ils doivent croire en la capacité de survie de leur entreprise; autrement, ils ne parviendront pas à en convaincre leurs créanciers ou leurs employés. C’est parce que dans certains cas, les chiffres ne révèlent pas toutes les possibilités. »

QUELLES SONT VOS OPTIONS?

Même si de multiples signaux d’alarme clignotent à l’horizon, la faillite n’est pas toujours inéluctable. Comme le fait remarquer M. Sieradzki, « il y a une procédure appropriée pour chaque situation. Il est essentiel de comprendre chaque option et les différences entre elles. » 

M. Lyons partage cet avis. « Un professionnel de l’insolvabilité, consulté dès que l’on sent poindre les problèmes financiers, explorera toutes les options avant de recommander de mettre fin aux activités, explique-t-il. Ainsi, il pourrait être possible de trouver un partenaire d’acquisition ou de former une alliance stratégique en vue d’une fusion. Ou encore de soumettre une proposition concordataire en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, qui demande de retarder le paiement des dettes aux créditeurs pendant que le débiteur prépare un plan prévoyant par exemple la vente des actifs ou la modification du modèle d’affaires. »

Quelles que soient les options examinées, cependant, il est essentiel d’obtenir l’adhésion de vos fournisseurs, prêteurs et employés. « Vous devez sonder vos principales parties prenantes : sans leur collaboration, il ne reste souvent plus qu’à fermer boutique », avertit M. Lyons. 

Il est également crucial d’agir sans attendre. « Si vous consultez un professionnel de l’insolvabilité assez tôt, vous pourriez être en mesure de soumettre une proposition à vos créditeurs, et l’entreprise restructurée pourrait survivre », indique M. Sieradzki. « Il faut examiner la viabilité de l’entité et avoir le temps d’évaluer les différentes options. Si vous attendez la veille du paiement des employés et que vous n’avez pas les fonds nécessaires, les dés seront malheureusement jetés. »

D’AUTRES RESSOURCES SUR L’INSOLVABILITÉ

Siégez-vous au conseil d’administration d’une entreprise insolvable ou menacée d’insolvabilité? Consultez le guide et le bulletin de CPA Canada sur ce que les administrateurs et les dirigeants doivent savoir en la matière. Profitez aussi de nos webinaires pour PME pour vous renseigner sur des sujets clés, allant des fondements des états financiers à une gestion financière efficace.

Voyez également ce que peuvent faire les petites entreprises pour survivre et s’adapter pendant la crise actuelle, et comment vous pouvez les aider à traverser la tempête.