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Télétravail : bon pour vous, l’environnement et les entreprises

La pandémie de COVID-19 est l’occasion de réinventer notre façon de vivre, de travailler et de réagir au dérèglement climatique.

Séance femme, sur, divan, à, ordinateur portableSelon le sondage 2019 de FlexJobs, 78 % des répondants ont affirmé que des modalités de travail souples seraient bénéfiques pour leur santé, et 86 %, que le télétravail ferait diminuer leur stress. (Westend61/Getty Image)

Confinement oblige, le télétravail s’est imposé comme la norme pour bon nombre d’entre nous.

Du jour au lendemain, quantité de cols blancs se sont retrouvés à travailler de chez eux du fait de la fermeture d’un grand nombre de bureaux. Avant la pandémie, 43 % d’entre eux (au Canada) avaient la possibilité de le faire plus ou moins régulièrement, selon un sondage mené en janvier par Robert Half, cabinet mondial de recrutement de personnel spécialisé.

Ce revirement de situation n’a pas une incidence seulement sur notre façon de vivre et de travailler, mais aussi sur l’environnement. À quoi faut-il s’attendre une fois que les restrictions liées à la COVID-19 auront été assouplies? Son de cloche de quelques experts sur l’après-confinement.

RÉDUCTION DE L’EMPREINTE CARBONE

On ne vous apprend rien en disant que le télétravail a des effets bénéfiques sur l’environnement. Une étude montre que cette pratique contribue à réduire les émissions de gaz, la consommation de carburant et d’énergie, et même les déchets de bureau.

Des rapports indiquent que les restrictions de voyage, le confinement imposé par les États et la mise sur pause des usines ici et là dans le monde ont fait diminuer les émissions de dioxyde d’azote et de dioxyde de carbone dans plusieurs pays, notamment la Chine, la Corée du Sud et l’Italie.

« Jusqu’ici, nous avons invoqué mille et une excuses pour ne pas nous attaquer à l’enjeu des changements climatiques », déclare le bioéthicien et écologiste Kerry Bowman, professeur adjoint à la faculté de médecine de l’Université de Toronto. « Certes, ce n’est pas chose facile, mais ce que nous voyons avec cette pandémie mondiale, ce sont des changements du tout au tout, du jour au lendemain. »

Bien que nous ne disposions pas encore de données complètes, les études actuelles portent à croire que les répercussions indirectes de la pandémie de COVID-19 sur l’environnement pourraient bien être importantes.

Selon Global Workplace Analytics, le télétravail à temps partiel, seulement aux États-Unis, pourrait faire baisser les émissions de carbone de quelque 51 millions de tonnes métriques par année. L’empreinte carbone diminue également lorsque moins d’énergie est utilisée dans les bureaux, pour la consommation de papier, ou encore aux fins des déplacements pour affaires, souligne-t-on dans le rapport. Par ailleurs, on peut avancer qu’une réduction de 1 % du nombre de véhicules sur les routes pourrait faire diminuer la congestion du tiers. Mentionnons au passage que le trafic routier au ralenti représente une consommation de quelque 11 milliards de litres d’essence et des émissions de GES de l’ordre de 26 millions de tonnes par année. Même les travaux de réfection de routes pourraient être réduits de 180 milliards de kilomètres par année, peut-on lire sur la page Web de l’organisme.

M. Bowman poursuit : « Quand cette pandémie sera derrière nous, les problèmes d’envergure liés aux changements climatiques seront toujours là… mais j’espère vraiment que l’optique environnementale restera centrale [aux décisions]. La bonne nouvelle, c’est que nous avons pu changer nos comportements rapidement pour des raisons sanitaires, alors on pourrait le faire pour des motifs environnementaux. »

MEILLEURE CONCILIATION TRAVAIL-FAMILLE

Travailler de la maison peut avoir des effets bénéfiques immédiats sur la santé et le bien-être. Les changements radicaux des dernières semaines nous ont obligés à ralentir, à nous concentrer davantage sur la vie quotidienne et à adapter nos activités professionnelles.

D’après le sondage 2019 de FlexJobs, 78 % des répondants étaient d’avis que des modalités de travail souples seraient bénéfiques pour leur santé (possibilité de manger mieux, de faire plus d’exercice, etc.), et 86 % croyaient qu’ils seraient moins stressés s’ils pouvaient travailler de la maison.

« Hausse de l’activité physique, réduction du stress et augmentation du temps passé en famille sont autant de facteurs bénéfiques », déclare Trevor Hancock, professeur à la retraite et chercheur principal de l’école de santé publique et de politiques sociales de l’Université de Victoria. « Quand on est libéré de la course folle du quotidien, on peut prendre le temps de souffler un peu. »

À long terme, M. Hancock croit que l’expérience du télétravail tiendra moins du scénario « je travaille de la maison, tranquille dans mon coin » que d’une initiative collective. Sa vision : des installations régionales en dehors des centres-villes, où des groupes d’employés de divers secteurs et entreprises viendraient faire leur journée de travail dans un endroit central, à échelle humaine, moins loin de leur domicile et plus propice aux véritables relations sociales.

« Si 20 % des gens n’avaient pas à faire la navette, ça représenterait une baisse considérable du trafic routier. »

« On pourrait avoir un centre de télétravail pour des employés d’organismes publics, de ministères, d’ONG et d’entreprises du secteur privé. Ainsi, des liens pourraient être noués avec des personnes extérieures au cercle habituel… une autre façon de faire s’épanouir une communauté. »

HAUSSE DE LA PRODUCTIVITÉ

Pour les employeurs, les avantages du télétravail sont indéniables. Parmi les entreprises qui ont ouvert la voie, citons Dell, Xerox et Aetna, qui ont instauré des programmes de travail à distance ces dernières années.

Non seulement ces entreprises réduisent leur empreinte carbone, respectent les normes en matière de changements climatiques et stimulent la compétitivité, mais elles augmentent aussi la productivité, la fidélisation et la satisfaction de leurs employés. Toujours selon le sondage de FlexJobs, 80 % des personnes interrogées ont déclaré être plus fidèles à un employeur qui propose des options de télétravail, 28 % ont dit qu’elles accepteraient une réduction de salaire pour profiter d’horaires flexibles, et 65 % ont affirmé qu’elles étaient plus productives en travaillant à la maison plutôt qu’au bureau.

Pour les années à venir, la pandémie qui nous afflige offre néanmoins des occasions à saisir, conviennent MM. Bowman et Hancock. Si la COVID-19 nous apprend une chose, ajoutent-ils, c’est que nous sommes capables de nous adapter rapidement à la nouveauté et que ce qui nous semble la normalité peut tout à fait prendre une autre forme.

« Nous allons disposer pour la première fois de données permettant de voir à quel point le télétravail peut être efficace, déclare Kerry Bowman. J’espère que nous en tirerons de nombreux enseignements. »

M. Hancock abonde dans ce sens et ajoute que « faire preuve d’une véritable résilience, c’est rebondir en avant plutôt que de revenir en arrière ».

« Les choses ne vont pas changer du jour au lendemain. À court terme, il se pourrait que nous revenions aux méthodes et usages antérieurs au confinement, dit-il. Mais c’est peut-être l’impulsion qu’il fallait pour nous convaincre qu’il y a d’autres façons de procéder… et que, oui, celles-ci fonctionnent. »

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