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Investissements

Selon un expert, le syndrome FOMO a raison du plus réticent des investisseurs

Larry Short, conseiller en placements, explique pourquoi il faut poser les bonnes questions avant d’investir dans une occasion alléchante.

Arrière, vue, femme affaires, regarder, bourse, affichage, marché, écran, planche, centre ville, district financierLes gens ne lisent souvent pas le prospectus lors de l’émission d’actions : ils n’en comprennent pas le jargon et ont tendance à lire les titres, mais non les petits caractères. (Getty Images/d3sign)

Après avoir vu leurs amis et relations gagner de l’argent sur les marchés, les investisseurs débutants veulent en faire autant et, pour ce faire, n’hésitent pas à encaisser les CPG qu’ils souscrivent depuis toujours ni à emprunter des fonds. C’est un des plus gros pièges qui les guettent.

D’après Larry Short, gestionnaire de portefeuille, conseiller principal en placements et directeur général, Groupe des clients particuliers, chez HollisWealth, à St. John’s (T.-N.-L.), ce phénomène indique habituellement aux conseillers en placements que le marché a atteint un sommet.

Auteur d’un livre prônant une logique différente de l’investissement intitulé In Short: Successful Investing During Turbulent Times, M. Short se souvient de toutes les fois où le syndrome FOMO (la peur de rater quelque chose ou fear of missing out) a coûté leur chemise à des investisseurs débutants. Les pertes subies ont engendré des actions en justice à l’encontre des conseillers financiers qui les avaient influencés. Malheureusement, dans la majorité des cas, les investisseurs n’ont pas récupéré leur argent, déplore-t-il.

« Bon nombre d’investisseurs sont trop honteux pour en parler, affirme M. Short. Et le seul moyen de récupérer quelque chose dans notre métier, c’est d’entamer des poursuites judiciaires. » Mais, ajoute-t-il, ils sont nombreux à ne pas pouvoir se permettre de le faire sur le long terme. « Donc, bien souvent, les investisseurs finissent par assumer les pertes; ils restent marqués à vie et décident de ne plus jamais investir. »

UNE SITUATION DÉLICATE

En raison de cette honte, on n’entend pas beaucoup parler des pertes dues à de mauvaises décisions de placement attribuables au syndrome FOMO.

« Malheureusement, ça arrive très souvent, affirme M. Short. C’est cette peur même de rater quelque chose qui a raison du plus réticent des investisseurs. » Dans les derniers mois, il a été témoin de ce syndrome à l’égard des actions liées au cannabis. Bon nombre de ceux qui ont investi dans un fonds négocié en bourse (FNB) du secteur du cannabis en 2018 ont vu les cours chuter de moitié cette année. Ils avaient investi alors que ce secteur était à son sommet, et non à son creux.

Ajoutons à cela le fait que les gens ne lisent pas le prospectus lors de l’émission d’actions. Ils n’en comprennent pas le jargon et ont tendance à lire les titres, mais non les petits caractères. « C’est incroyablement frustrant comme situation. Comme vous pouvez vous en douter, on nous appelle beaucoup pour obtenir une seconde opinion. »

Lors de ce type d’appels, M. Short demande à ses interlocuteurs s’ils ont reçu un prospectus, s’ils l’ont signé et s’ils l’ont lu. Et les réponses ne se font pas attendre : oui, oui et non, parce qu’ils ne comprenaient rien au contenu. Mais ils ont tout de même investi parce qu’un ami leur a dit que ça en valait la peine.

« Il s’agit là d’un élément essentiel qui nous renvoie à l’importance d’enseigner des notions de gestion des finances personnelles à la population canadienne, souligne-t-il. Il y a bien des années, les grandes entreprises ou le gouvernement offraient des régimes à prestations déterminées qui nous garantissaient une rente à la retraite. Aujourd’hui, on dit aux citoyens de planifier eux-mêmes leur retraite, sans leur donner les outils qui leur permettront de prendre de bonnes décisions. On en revient donc directement à la question de la littératie financière. »

LES INDICES À SURVEILLER

Certains signes peuvent néanmoins indiquer qu’une occasion de placement pourrait bien être un piège, explique M. Short. Tout d’abord, la source d’information – ce n’est pas une bonne idée de se fier aux dires d’un ami. Mais il met aussi l’investisseur en garde contre le piège de la planification financière. Assurez-vous que la personne qui vous conseille est bien autorisée à offrir des services de planification financière et n’a rien à vous vendre.

« N’hésitez pas à lui demander pourquoi elle vous encourage à investir dans ce placement en particulier, conseille-t-il. S’il s’avère que ce placement lui donne droit à une commission plus élevée, ou qu’il permet à l’entreprise de gonfler son chiffre d’affaires et que vous n’êtes qu’une tierce partie dans l’histoire, il y a de quoi éveiller les soupçons. La difficulté, dans notre secteur, est de distinguer le vendeur du conseiller. »

M. Short recommande aux clients de rencontrer en entrevue des conseillers potentiels et invoque la liste des 10 questions de FP Canada (auparavant le Conseil des normes en planification financière du Canada) à poser à ces candidats. Et il fait tout particulièrement sienne la dernière question : est-ce que je peux avoir ça par écrit?

« Ils mentiront rarement sur papier, explique-t-il, parce qu’ils doivent habituellement faire approuver par leur supérieur un document rédigé sur du papier à en-tête de la société qui dit ceci : voici la  réponse à votre question; voici l’ensemble des frais à payer; voici comment je suis rémunéré; voici le risque associé à ce placement. »

« En fait, ce document engage la société, car, si celle-ci doit aller devant un tribunal, il augmente la probabilité que quelqu’un puisse récupérer des sommes perdues. Souvent, à l’oral, on dira quelque chose qui ne se trouve pas dans le prospectus. Mieux vaut prévenir que guérir : posez ces 10 questions. »

INVESTISSEZ-VOUS

Écoutez la série de balados (en anglais) de CPA Canada destinés aux formateurs intitulée Mastering Money: The Educator’s Edition. Larry Short y explique comment éviter les pièges en matière d’investissement. D’autres épisodes traitent de la honte associée à l’endettement, de la planification en vue de la retraite ainsi que de l’économie comportementale.