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Canada
Finances personnelles

L’endettement aurait un effet sur votre santé physique et mentale

Comment savoir qu’on a perdu la maîtrise de ses finances, et comment rectifier le tir? Stacy Yanchuk Oleksy, conférencière à la conférence Mastering Money 2019, a des conseils pour vous.

jeune femme sur un téléphone portable dans son bureau à la maison tout en regardant un document importantParce qu’elles ont peur de demander de l’aide à moins de crouler sous les dettes, certaines personnes répondent aux publicités de sociétés qui prétendent pouvoir les aider, alors qu’elles ne sont pas aptes à fournir des conseils financiers ou reçoivent des commissions quand elles aiguillent les gens vers des sociétés de crédit non traditionnelles. (Getty Images/10’000 Hours)

Ô Canada, terre du surendettement? Selon des données compilées par Trading Economics, la dette personnelle des Canadiens a atteint 174,05 % de leur revenu brut au deuxième trimestre de 2019, un nouveau record. Une enquête d’Environics Analytics, quant à elle, a révélé que le ratio de couverture du service de la dette s’établissait à 8,4 % à l’échelle nationale. En outre, dans les régions les plus durement touchées par le stress financier, certains consacrent jusqu’à 22 % de leur revenu après impôt au paiement d’intérêts. Pas étonnant, donc, que bien des citoyens canadiens se sentent pris à la gorge.

Les participants à la conférence Mastering Money 2019 de CPA Canada, qui approche à grands pas, auront la chance d’entendre Stacy Yanchuk Oleksy parler des solutions à la portée des personnes criblées de dettes. Mme Oleksy est directrice de la formation et de la sensibilisation à la Credit Counselling Society, un OSBL qui fournit des services-conseils gratuits, du crédit à faible coût et de la formation en gestion des finances personnelles.

RECONNAÎTRE LA SITUATION AVANT QU’IL SOIT TROP TARD

Comment reconnaître le surendettement? Outre les problèmes de sommeil causés par le stress financier, Mme Oleksy conseille de guetter les symptômes suivants : utiliser une carte de crédit pour couvrir le solde d’une autre carte; émettre des chèques sans provision; avoir constamment des découverts bancaires; atteindre sa limite de crédit; ou encore ne pas avoir assez de fonds pour couvrir ses factures et ses frais.

« Se quereller au sujet de l’argent avec votre conjoint, ajoute-t-elle, peut aussi être un signe de stress financier. »

L’endettement, souligne Mme Oleksy, influe sur la santé mentale comme sur la santé physique : « L’endettement peut avoir de lourdes conséquences sur les gens. Malheureusement, au Canada, comme je le dis depuis des années, nous ne parlons pas assez d’argent. C’est l’ultime tabou, en quelque sorte, et nous préférons souvent parler de tout sauf d’argent. Par conséquent, les gens se sentent souvent dépassés sur le plan financier. »

S’ATTAQUER AUX RACINES DU PROBLÈME

« Les jeunes obtiennent leur premier prêt ou leur première carte de crédit autour de 18 ans, et l’on tient pour acquis qu’ils savent comment s’en servir, se désole l’experte en finances. Comme si la fée du crédit leur avait donné un coup de baguette magique. »

Mais les choses ne sont pas si simples. Nombreux sont ceux et celles qui vivent au-dessus de leurs moyens et, en tant que société, nous vivons dans une culture du paiement minimal. Dans l’Étude 2018 de CPA Canada sur la littératie financière au Canada, 23 % des participants ont affirmé qu’ils prévoyaient reporter un solde impayé sur une carte de crédit au mois suivant, et 39 % ont dit qu’ils auraient du mal à rembourser leur prêt hypothécaire ou d’autres dettes si les taux d’intérêt augmentaient de façon marquée. Et pourtant, bien souvent, les gens ne demandent pas d’aide quand ils sont dépassés par la gestion de leurs dettes.

« Comme nous ne parlons pas d’argent, les consommateurs éprouvent de l’embarras, ou pire, de la honte, face à leurs problèmes d’argent, affirme Mme Oleksy. Ils ne savent pas ce qu’ils font, mais sentent qu’ils devraient être mieux avisés. Alors, ils ont honte et cela les empêche de demander de l’aide. »

Selon elle, les trois grandes raisons pour lesquelles les gens se retrouvent en difficulté financière sont les suivantes :

  1. Ils ne savent pas où va leur argent. Les petites dépenses, comme le café quotidien à 5 $, peuvent s’accumuler rapidement.
  2. Ils n’épargnent pas. Sans économies, une dépense imprévue peut devenir un problème majeur plutôt qu’un simple désagrément. Mme Oleksy suggère de créer un fonds pour les urgences et les dépenses spéciales (Noël, rentrée des classes, etc.), et un autre pour les projets (vacances, nouvelle voiture, etc.).
  3. Ils ne vivent pas selon leurs moyens et ne comprennent pas la différence entre un besoin et un désir. Est-il vraiment temps de remplacer leur téléphone, ou cherchent-ils plutôt à épater leurs amis avec un nouveau gadget?

« Et une quatrième raison, rajoute-t-elle : ils ne cherchent pas d’aide. »

OÙ TROUVER DE L’AIDE

Parce qu’elles ont trop peur pour demander de l’aide à moins de crouler sous les dettes, certaines personnes répondent aux publicités de sociétés qui prétendent pouvoir les aider, alors qu’elles ne sont pas aptes à fournir des conseils financiers ou reçoivent des commissions lorsqu’elles aiguillent les gens vers des sociétés de crédit non traditionnelles. Les vrais conseillers en crédit doivent détenir un permis et offrent des services bien définis.

« C’est votre argent, alors peu importe votre niveau d’endettement et la gêne que vous pourriez ressentir, vous avez le droit de poser des questions, poursuit Mme Oleksy. Qui sont-ils? Comment sont-ils rémunérés? Sont-ils agréés? Quel type de formation leurs employés reçoivent-ils et que couvre-t-elle? Quelqu’un reçoit-il une commission si vous êtes aiguillé vers une autre société? Ces questions sont importantes. »

Pour toutes ces raisons, Mme Oleksy cherche à faire savoir aux comptables qu’il existe des OSBL qui peuvent aider leurs clients en leur offrant de la formation et des conseils touchant les difficultés financières ou, s’il y a lieu, en les dirigeant vers un autre organisme.

« Nous ne sommes pas des thérapeutes, nous sommes des conseillers en crédit axés sur les solutions et des formateurs, conclut Mme Oleksy. Notre rôle est d’intervenir pour aider le client à redresser la situation afin qu’il puisse passer à autre chose. »

INFORMEZ-VOUS

La conférence annuelle sur la littératie financière de CPA Canada, intitulée Mastering Money, se déroulera les 7 et 8 novembre à Ottawa sous le thème Accroître la résilience face aux fluctuations de l’économie.