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 Jeune couple gérant le budget familial en cuisine
Canada
Finances personnelles

Tout compte fait, les hommes ne s’y connaissent peut-être pas mieux que les femmes en finances

À bas les clichés! Femmes et hommes sont égaux face aux questions financières : ce sont les traits de personnalité qui font la différence.

Les prouesses financières des hommes ne sont probablement pas meilleures que celles des femmes, selon une nouvelle étude de CPA Canada.

L’idée que les hommes s’y connaissent mieux que les femmes en matière de finances est répandue partout dans le monde, si on en croit des études menées dans des dizaines de pays. Au point où l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) recommande que des efforts soient déployés pour combler le fossé entre les sexes en vue d’améliorer le développement économique des pays. 

Parmi les clichés, les femmes seraient plus impulsives dans leurs achats, moins portées sur l’épargne, moins confiantes quand vient le temps de gérer des placements et plus timorées face aux risques financiers. Dans les couples hétérosexuels, il semblerait aussi qu’elles ne prennent pas les devants pour ce qui est des décisions financières ayant des incidences à long terme. Bref, la gent féminine est perçue comme étant moins au fait des questions financières. 

Notre étude, intitulée L’incidence des traits de personnalité : un regard neuf sur les différences entre les sexes en matière de littératie financière, remet en question ces idées reçues en présentant un éventail de variables, tout en examinant l’influence que le sexe peut avoir sur le niveau de savoir-faire financier. 

« La lentille par laquelle nous jetons un regard sur les questions financières est peut-être entachée par les aspects valorisés par les hommes, aspects dont l’importance est surfaite », explique la coauteure du rapport, Johanna Peetz, professeure agrégée de psychologie à l’Université Carleton. « Il faut considérer un plus grand nombre de comportements financiers. » 

Élargissant en effet la perspective, les deux chercheures ont étudié d’autres facteurs susceptibles d’influer sur les connaissances financières, notamment l’âge, le revenu, le niveau de scolarité et les traits de personnalité. Plus précisément, ces cinq traits de personnalité (modèle des cinq facteurs de la personnalité) ont été pris en compte : ouverture, conscienciosité (caractère consciencieux), extraversion, agréabilité et névrosisme. 

« Lorsque nous tenons compte des caractéristiques sociodémographiques et que nous nous préoccupons plus particulièrement des traits de personnalité, nous constatons que le sexe des répondants revêt beaucoup moins d’importance », peut-on lire dans le rapport. 

Nous avions conçu l’enquête en nous appuyant sur les travaux de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) et sur l’Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF) de Statistique Canada. Le questionnaire comportait un test de connaissances objectives de 14 questions visant à évaluer le comportement financier et les attitudes financières et, aussi, à établir des caractéristiques psychologiques et sociodémographiques. 

Constatation : lorsque l’âge, le revenu, le niveau de scolarité et les traits de personnalité sont pris en considération, les femmes et les hommes ne sont pas très différents en ce qui a trait aux capacités financières. On parle ici de la capacité à joindre les deux bouts, à faire le suivi de ses finances et à planifier. Lorsque ces mêmes facteurs sont pris en compte, la personnalité individuelle joue un rôle beaucoup plus important pour les aspects suivants : choisir des produits financiers, se tenir au courant des questions financières et subir un test de connaissances financières objectives. 

« Une fois que nous avons pu inclure d’autres facteurs... et en fonction des techniques utilisées, nous avons été en mesure d’expliquer la majorité des écarts, pour la plupart des échelles », dit Jennifer Robson, professeure agrégée au Kroeger College de l’Université Carleton, coauteure du rapport. 

« Personne n’avait fait une telle analyse auparavant », ajoute-t-elle. 

Ces résultats, mentionne le rapport, nous amènent à nous demander si les marchés des services financiers, les chaînes d’information financière et les médias financiers en font assez pour s’adresser aux femmes et répondre à leurs besoins, au vu des différences de rôles entre les sexes lorsqu’il est question d’argent, des différences socioéconomiques et, surtout, des différences de personnalité. 

« On ne peut pas tout expliquer d’après le sexe, commente Mme Robson. Il y a beaucoup de variations, mais aussi un écart persistant quand il s’agit de choisir des véhicules de placement et de se tenir au courant des questions financières. Nous avons brossé le tableau de la situation... aux marchés des services financiers, maintenant, de répondre aux besoins des femmes! » 

Selon Mme Peetz, lorsqu’on parle de planification financière avec des femmes, il est pertinent d’établir un lien avec leurs responsabilités courantes, au sein du ménage, telles que les frais de garde, l’épargne-études et les emplettes à l’épicerie. 

« Il faut parler de finances d’une manière plus attrayante pour les femmes appelées à prendre des décisions financières, dit Mme Peetz. Établir un lien concret avec les rôles sociaux généralement joués par les femmes permettrait déjà d’être plus inclusif. » 

Mmes Robson et Peetz croient que leur étude est un point de départ et qu’il faudra explorer et étudier davantage les nuances fondées sur le sexe, en matière de littératie financière. Les différents éléments mentionnés, mais aussi bien d’autres comme les convictions religieuses et les traits culturels, pourraient être examinés plus en profondeur. 

« Nous remettons en question une sorte de “parole d’évangile” dit Mme Robson. Un examen des liens entre sexe et culture pourrait être le thème d’une prochaine étude ou d’un prochain exercice de réflexion. » 

Pour en savoir plus

Nous vous invitons à lire le rapport L’incidence des traits de personnalité : un regard neuf sur les différences entre les sexes en matière de littératie financière et à vous renseigner sur notre programme de littératie financière.