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Canada
Économie

Endettement : le Canada toujours dans le peloton de tête

Avec des dettes (entreprises et ménages combinés) atteignant 4 400 G$, nous sommes pour ainsi dire dans une souricière économique, selon des experts.

Les Canadiens se démarquent encore une fois sur la scène mondiale, cette fois-ci en se classant parmi les premiers pour le niveau d’endettement.

Les données récentes de Statistique Canada montrent que le taux d’endettement des ménages, par rapport à leur revenu, était de 170,4 % au dernier trimestre de 2017 – un brin inférieur à celui du trimestre précédent. Pour cette période, le fardeau réel de la dette a progressé de 1,1 %, les prêts hypothécaires atteignant le chiffre de 1 397 G$, et les prêts à la consommation, 630,4 G$.

Dans son rapport Addicted to Debt, le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) sonne l’alarme sur le niveau d’endettement global (entreprises et ménages combinés), qui est passé de 182 % à 218 % du PIB – soit de 3 400 G$ à 4 400 G$ – de 2011 à 2016. Même si ce taux comme tel nous place au 8e rang parmi les grandes économies mondiales, la vitesse à laquelle il augmente nous vaut le haut du podium.

« Un des facteurs de cet endettement plus lourd est la faiblesse des taux d’intérêt, explique David Macdonald, économiste principal au CCPA et auteur du rapport. Et c’est en plein ce qu’on veut avec des taux bas... ça incite les entreprises et les ménages à s’endetter et à dépenser cet argent pour faire rouler l’économie. »

Mais la Banque du Canada pourrait jouer les trouble-fête si elle venait à relever sensiblement ses taux.

« Bien des gens n’ont jamais vécu une période de taux d’intérêt en hausse. On peut supposer qu’il serait ardu, tant pour les particuliers que pour les entreprises, de composer avec des taux haussiers, ajoute M. Macdonald. Nous sommes dans un piège, en quelque sorte, habitués aux bas taux d’intérêt qui alimentent la croissance à court terme. Il sera pas mal difficile d’augmenter les taux sans nuire grandement à la consommation et à l’économie en général. »

Même si les taux demeurent faibles, les emprunteurs peineront probablement à rembourser leur énorme dette lorsque l’économie ralentira. Et les banques centrales auront bien peu de marge de manœuvre pour venir à la rescousse.

« En matière d’endettement privé, nous voilà probablement à un point où l’élastique est tiré au maximum », affirme l’économiste.

Joel Lazer, FCPA, FCA, a pu constater les répercussions d’un niveau d’endettement insoutenable. Associé principal chez Lazer Grant LLP à Winnipeg, il est également syndic autorisé en insolvabilité. Il soutient que l’endettement peut devenir un problème bien avant que les entreprises ou les ménages surendettés en prennent toute la mesure.

« Arrive un jour où ils n’en peuvent plus du stress causé par la difficulté à joindre les deux bouts mois après mois, déplore-t-il. Et ils se sentent seuls, parce qu’on a bien sûr tendance à cacher ce qui se passe à son entourage. »

Qu’on parle de dettes personnelles ou commerciales, M. Lazer voit bien que les gens ont besoin de conseillers honnêtes avec qui discuter franchement de leurs problèmes. Cette personne peut être leur conjoint, un professionnel ou un membre de l’équipe de gestion de l’entreprise.

CPA Canada met de nombreuses ressources à la disposition des personnes endettées (feuilles de travail pour la gestion des finances personnelles, publications et ateliers gratuits sur la littératie financière, etc.).

« Je prône l’idée qu’il est toujours bon de faire le point sur sa situation une fois par année, dit M. Lazer. Une partie de l’exercice consistera à calculer de façon réaliste votre valeur nette, de préférence sur une bonne vieille feuille de papier et avec un stylo, histoire de suivre vos affaires d’une année à l’autre. Le portrait global s’améliore-t-il ou, au contraire, sombrez-vous toujours davantage dans les dettes? Si vous continuez de vous enliser, ça ne peut tout simplement pas durer. »