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Magazine Pivot

Les pièges du travail à la pige

La technologie change le travail et ouvre de nouvelles voies aux professionnels. Un virage qui, comme toute révolution, comporte des pièges.
En 2005, Neal Pollock, jeune diplômé en génie promis à un brillant avenir, s’affairait sur ses dossiers dans une société informatique. La clientèle? Des fonds de placement. « J’avais des collègues sympathiques, et mon travail me plaisait. » Mais il s’ennuyait ferme.

Le jeune homme a donc décidé de s’initier à la programmation durant ses moments de loisir : il avait envie de créer une application pour les as de la planche à roulettes, qui ne rêvent que d’une chose, tourner et diffuser des vidéos de leurs prouesses. Lui-même planchiste invétéré, Neal Pollock avait sillonné rues et ruelles à St. Catharines et à Oakville, en Ontario, où il a grandi. « J’avoue que mon appli n’a pas eu un succès foudroyant, mais j’ai pris plaisir à la monter. Et découvert que rien ne m’empêchait de monnayer mon talent. » Il a voulu s’établir à son compte, mais ses parents, de prudents immigrants irlandais, l’en ont dissuadé. Têtu, M. Pollock a persisté, donné sa démission, et choisi de se lancer comme concepteur Web indépendant. Restait à trouver des clients. Pour constituer un réseau, il a fondé un groupe Meetup : « Je me tiens au fait des nouveautés, je noue des relations. »

La fortune sourit-elle aux audacieux? Oui. M. Pollock a créé la vitrine Web de clients tels le détaillant de meubles Klaus by Nienkamper (élégance épurée) et l’organisme ParticipACTION, qui prône l’exercice physique (tonus et dynamisme). Sa véritable percée survient en 2015, année où les organisateurs du Super Bowl lui commandent une application. « Un vrai cadeau du ciel. C’est une agence de marketing sportif dans notre immeuble qui m’a mis en contact avec eux.

Une étude a établi à 8,55 $ US le taux horaire moyen d’un chauffeur pour Uber ou Lyft. Est-ce viable?

Une étude a établi à 8,55 $ US le taux horaire moyen d’un chauffeur pour Uber ou Lyft. Est-ce viable? Quelques années après, de fil en aiguille, son frère puis deux autres collaborateurs se joignent à lui, réunis à ses côtés dans un petit bureau, à l’est de Toronto. S’il est débordé, M. Pollock fait appel à des indépendants, qu’il déniche dans le groupe de programmeurs Meetup, où l’on recense environ 1400 membres. Qui sont-ils? De jeunes professionnels, qui ont troqué une carrière classique contre l’autonomie professionnelle. Et les mandats s’enchaînent. Ou non. M. Pollock a suivi relativement tôt une tendance désormais répandue : l’adoption du travail à la pige. Une étude récente commandée par l’Ontario révèle que l’emploi non traditionnel, dont le travail indépendant, progresse à vive allure. Deux fois plus vite que le salariat. Pensons aux musiciens, aux comédiens et aux journalistes, accoutumés depuis des lustres à voir se succéder engagements, piges et mandats ponctuels. Mais ce mode de travail par soubresauts, auparavant l’apanage d’une minorité parfois bohème, se généralise. Dorénavant, d’innombrables professionnels de domaines en tout genre – TI, ressources humaines, marketing, finance, comptabilité – passent d’une affectation temporaire à l’autre, sans contrat d’emploi en bonne et due forme.

En 2016, au terme d’une enquête auprès de travailleurs canadiens, le cabinet-conseil en RH Randstad a constaté qu’au moins un sur quatre d’entre eux exerçait comme indépendant; les professionnels des TI et les ingénieurs, comme M. Pollock, étaient les plus portés à voler de leurs propres ailes. Randstad ajoutait que d’après une autre étude menée aux États-Unis, à en croire la plupart des employeurs et des travailleurs, d’ici 2025, plus de la moitié de la population opterait pour le travail autonome (entrepreneurs, experts-conseils, consultants, temporaires et pigistes en tout genre). De surcroît, selon le site de réseautage professionnel LinkedIn, aux États-Unis, quelque 43 % de la population active agrémente son ordinaire au moyen de quelques contrats ponctuels.

Nombreux sont ceux qui, contraints d’adopter cette vie plutôt précaire, sautent d’un emploi temporaire à l’autre. En clair, depuis une trentaine d’années, les employeurs externalisent certaines tâches auparavant dévolues en exclusivité aux salariés. D’ailleurs, l’an dernier, Statistique Canada soulignait la diminution du nombre d’employés à temps plein, comparativement aux seuils constatés 10 ans avant : environ 11 % de moins chez les hommes, près de 6 % de moins chez les femmes.

67 % des professionnels qui pensent se mettre à leur compte espèrent gagner davantage.

En outre, le mode d’intégration des jeunes dans leur secteur de prédilection a profondément évolué. En 2016, selon une étude de Statistique Canada, les employeurs ouvraient près de la moitié des postes de débutant sous forme de temps partiel (moins de 30 heures hebdomadaires), dont le tiers en contrat temporaire à durée déterminée. Et dans un contexte de stagnation salariale, ceux qui envisagent de se lancer à leur compte se disent qu’ils y gagneront au change. D’après une enquête de FreshBooks, société de comptabilité en nuage, 67 % des professionnels salariés qui songent à s’établir comme indépendants s’attendent à bénéficier d’une rémunération bonifiée.

FreshBooks et ses concurrents (Xero et Sage, entre autres) ont tout à gagner si la tendance s’amplifie. Leurs plateformes, qui simplifient la tenue de comptes pour les pigistes, facilitent également la tâche des comptables indépendants, le tout à peu de frais. L’essor technologique a aussi favorisé le travail autonome en améliorant la connectivité : on échange avec des clients d’un peu partout, et les entretiens virtuels (FaceTime) remplacent les véritables rencontres. Une foule d’applications (telles TaskRabbit, Uber et Lyft) mettent en contact les travailleurs en quête de contrats et les clients qui ont besoin d’eux. Vous disposez de quelques heures de liberté par semaine? Vous êtes souvent parti et votre appartement reste vide? Vous voulez pratiquer la tenue de comptes le week-end? Inscrivez-vous sur le site approprié (ou procurez-vous un logiciel en vente libre pour interagir avec les clients), et hop! vous voilà fin prêt à arrondir vos fins de mois.

Au départ, devant l’émergence de certaines applications, les observateurs ont évoqué l’essor de l’économie du partage. Dans les faits, la plupart des échanges sur les plateformes numériques s’effectuent contre paiement. À présent, on parle d’économie collaborative, mais aussi d’économie de plateformes et d’économie sur demande, entre autres expressions.

Un nouveau vocabulaire qui traduit une nouvelle réalité : l’explosion du travail ponctuel. Dans la plupart des enquêtes, plus de la moitié des répondants avouent préférer travailler à la demande; ils s’accommodent volontiers de l’imprévisibilité des mandats et de la fluctuation des revenus. D’ailleurs, l’universitaire britannique Guy Standing a évoqué la notion de « précariat » pour désigner ces nouveaux travailleurs.

Jeune femme portant des écouteurs avec micro, assise à une table

Peut-être font-ils de nécessité vertu, mais bien des indépendants affirment avoir procédé en connaissance de cause, afin de pouvoir planifier librement leur journée et leurs activités.

Ils se disent satisfaits d’exercer des fonctions variées qui cadrent avec leurs attentes et d’avoir opté pour un mode de pratique qui leur ressemble. Un choix de vie, en somme.

Diplômée en études anglaises, désormais réalisatrice de publireportages vidéo, Sarah Gerber travaille à Oakland, dans la baie de San Francisco. Elle a choisi comme base les locaux de WeWork, qu’affectionnent les indépendants et les entrepreneurs qui démarrent. « Sans avoir de formation en cinéma, j’avais été photographe. Dès que j’ai eu mon premier appareil numérique, je me suis mise au tournage vidéo. Illumination! J’avais trouvé ma voie. Aujourd’hui, j’ai divers clients, de jeunes entreprises et de grandes sociétés. » Mme Gerber a aussi cofondé un OSBL au sein duquel se réunissent hommes et femmes pour aborder certaines questions d’égalité. « On assiste à une mutation des valeurs. Je n’ai pas les avantages d’un emploi traditionnel, mais ces avantages ne dépendraient pas de moi. Ce qui compte, c’est l’équilibre, et mon travail a un sens, je m’y épanouis au lieu de chercher en vain mon bonheur ailleurs. » Ces propos reflètent le constat accablant de Charles A. Reich dans son plaidoyer The Greening of America (1970). Le travail? 

Abrutissant, épuisant, fastidieux, avilissant, détestable, au dire de la plupart des Américains. Seuls les loisirs leur offrent un répit. On peut donc voir dans la ruée vers l’indépendance professionnelle la réalisation tardive d’un rêve des années 1960 : échapper à l’emprise d’un patron tout puissant.

L’ambitieuse WeWork, devenue multinationale (créée à New York en 2010, elle a essaimé autour du monde), témoigne de cet esprit d’affranchissement. Ses fondateurs, Adam Neumann et Miguel McKelvey, ont connu la vie en collectivité, l’un dans un kibboutz en Israël, l’autre dans une commune de la côte ouest des États-Unis. Maintenant, dans un gratte-ciel de San Francisco, WeWork offre aux nomades (surtout des jeunes) un décor chic, qui séduit à tout coup : eau aromatisée aux agrumes, café à volonté d’une brûlerie à la mode, papiers peints tendance en salle de conférence, murale sur un thème mexicain. Un mode de travail valorisé, même si les occupants paient pour ce privilège.

WeWork propose aussi d’élégants locaux à aire ouverte au cœur de Montréal, de Vancouver et de Toronto. Qu’en pensent les indépendants qui ont jeté leur dévolu sur l’un de ses deux bureaux de Toronto? Brian Sekandi, qui travaillait pour une grande agence de recrutement de cadres supérieurs, aide désormais ses propres clients à faire le point sur leurs besoins en personnel après une fusion ou tout autre virage. Il se dit étonné de voir combien de sociétés d’envergure (comme Kraft Heinz Canada et McDonald’s Canada, qui se sont adressées à lui) sont prêtes à collaborer avec un travailleur autonome. « J’ai monté une présence Web aussi convaincante, sinon plus, que la vitrine d’un grand cabinet. J’ajouterai qu’on peut se procurer les meilleures plateformes logicielles à moindre coût, sans contrat à long terme. Alors, les grands clients n’hésitent plus à faire appel à de petites boîtes; ils savent avec qui ils vont traiter, sûrs que le mandat ne sera pas refilé à quelqu’un d’autre. »

Impossible d’échanger avec sa clientèle nord-américaine sans la connectivité qu’apportent logiciels et moyens techniques complémentaires. À l’instar de nombreux trentenaires, en quête de biens ou de services, comme particulier ou comme professionnel, M. Sekandi a d’emblée fait confiance aux applications à l’origine des marchés en ligne. « J’ai essayé Uber dès que le service a fait son apparition à Toronto. À l’époque, on embarquait dans une berline noire. »

Une enquête récente du Pew Research Center a révélé que 72 % des Américains avaient fait appel à des services à la demande par l’entremise de ces plateformes; le tiers des répondants de moins de 45 ans en avaient utilisé quatre ou plus. Dans la région de la baie de San Francisco, où j’habite et où sont nées bon nombre de ces applications, j’ai l’embarras du choix : Handy pour les réparations à domicile, Postmates pour les livraisons, Fiverr pour une foule de petits boulots, même les plus inusités. Une publicité de Fiverr montre une de ses pigistes si pressée d’entreprendre le prochain contrat qu’elle consulte son téléphone au beau milieu d’ébats amoureux.

En cas de blessure sur le lieu de travail, les entreprises déclinent toute responsabilité.

Sans vouloir aller jusque-là, j’ai moi-même dû récemment faire appel à une femme de ménage pour nettoyer ma cuisine de fond en comble avant la visite d’une amie pointilleuse de Toronto qui voulait que nous concoctions de bons petits plats ensemble. Pas de panique. J’ai interrogé TaskRabbit, une application qui sert d’interface entre clients et fournisseurs : bricolage, réparation, entretien ménager, tout y passe. Le géant Ikea vient d’ailleurs de racheter la plateforme. Combien a-t-il déboursé? On l’ignore. En Amérique du Nord et en Europe, la chaîne propose aux clients l’aide d’assistants pour assembler les meubles. (On trouve au Canada une application semblable à TaskRabbit, qui s’appelle AskforTask.)

Et ma femme de ménage, alors? Celle que j’ai choisie, Kristen Carranza, offrait un service exceptionnel, selon ses clients précédents. À 42 $ US l’heure, son tarif se situait dans la moyenne (TaskRabbit prélève une commission d’environ 30 %). La dame s’est présentée à l’heure dite, le jour convenu, seau à la main, et s’est attaquée énergiquement à mon frigo.

Curieux, je l’ai interrogée sur son parcours. Après un diplôme en radiodiffusion de la San Francisco State University, Mme Carranza a travaillé six ans pour une maison de disques de San Diego. « On avait Eric Clapton et Glen Campbell dans l’équipe. Quels chanteurs! » Un beau jour, elle a décidé de se lancer à son compte comme imprésario : elle représente notamment deux jeunes groupes talentueux du Nord de la Californie, mais, pour joindre les deux bouts, elle consacre quelques heures par semaine à des tâches complémentaires.

De fait, ma cuisine étincelle de propreté. Le salaire versé me semble équitable, mais j’ai une inquiétude. Que se passe-t-il si quelqu’un se blesse au travail? Pour en avoir le cœur net, je pose la question à une porte-parole de TaskRabbit.

En réponse, je reçois un courriel avec un lien vers la politique de l’entreprise, qui décline toute responsabilité en pareil cas. Pour rassurer ses clients, elle accepte toutefois d’examiner les demandes de dédommagement, à concurrence de 10 000 $, en l’absence d’autres formes d’indemnisation, offertes par l’assurance du client ou par un autre recours.

Voici ce qui me tracasse aussi. Sur la foi d’une simple prise de contact numérique avec un parfait inconnu, Mme Carranza s’est présentée chez moi, munie d’un seau et de bonne volonté, sans autre forme de protection. En réalité, beaucoup de femmes travaillent par l’intermédiaire de TaskRabbit. Une tendance qui se confirme, selon certaines enquêtes, dans la plupart des domaines où l’économie de la pige se répand.

Pour les femmes en particulier, ce mode de pratique, où l’encadrement se fait plutôt flou, n’est pas exempt de risques. Auparavant professeure d’anglais à Indianapolis, Tyra Seldon offre des services de rédaction et de révision, et passe d’un projet à l’autre. Indépendante depuis peu, elle avait accepté de rencontrer un auteur ayant un manuscrit à faire réviser. Mais au restaurant, l’homme s’est mis à lui poser des questions indiscrètes, au lieu de parler affaires, et à se montrer entreprenant : il allait l’inviter chez lui, lui préparer un repas. Quand il a fait mine de caresser l’écharpe qu’elle portait, Mme Seldon a coupé court et a décliné le mandat. Elle a reçu un message acerbe : « De toute manière, j’avais des doutes sur votre compétence. Je prévoyais m’adresser à quelqu’un d’autre. »

Jeune femme allongée sur le dos en train de réparer un évier

« J’ai hésité à dénoncer ces gestes. J’avais peur d’avoir du mal à obtenir d’autres contrats, d’autant plus que je commençais à peine, me confie-t-elle. J’ai renoncé à ce travail. Je n’avais aucun recours. »

Une étude récente publiée par le Center for Energy and Environmental Policy Research du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a révélé que les chauffeurs d’Uber et de Lyft gagnaient en moyenne 8,55 $ US l’heure, compte tenu de l’amortissement du véhicule. Un porte-parole de la division canadienne de Lyft, nouvelle venue sur le marché de ce côté-ci de la frontière, conteste tant ce chiffre que la méthodologie retenue. D’après une autre enquête récente, les chauffeurs touchaient un peu plus de 17 $ US l’heure.

Reste une question incontournable. Faut-il voir le travail autonome comme une option viable ou comme une solution provisoire? Andrew Cash y a mûrement réfléchi, côté carrière, et côté vie. À 56 ans, l’homme a fait tous les métiers : musicien rock, journaliste indépendant, député fédéral. « Je voulais faire plein de choses. Un rêve impossible si je m’étais cantonné au métro, boulot, dodo. »

Aujourd’hui, il dirige un OSBL de Toronto, le Urban Worker Project. Son but? Apporter un appui à la légion de pigistes qui ont fait une croix sur la relation employeur-employé. « On assiste à une mutation radicale du marché de l’emploi. Il y a quarante ans, les travailleurs indépendants étaient si rares que les décideurs, l’État, les syndicats, les universitaires en faisaient pour ainsi dire abstraction. Ce n’est plus le cas. »

Le jeune organisme d’Andrew Cash met ces travailleurs en relation, et préconise l’adoption de nouvelles mesures pour les protéger, en intervenant auprès des législateurs et des décideurs. « Nombreux sont les pigistes qui adorent ce mode de travail, mais en déplorent la précarité. »

Alors, comment gérer l’insécurité du travail autonome? Voici ce qu’on m’a répondu.

« Le prochain contrat dépend du précédent, c’est vrai », fait observer M. Sekandi, le chasseur de têtes. « Même quand les mandats se succèdent, on craint de voir la source se tarir », renchérit M. Pollock, le concepteur de sites Web.

Après dix ans à voltiger d’un mandat à l’autre avec brio, M. Pollock et ses coéquipiers ont créé Audiogram, une application d’enregistrement audio : « L’utilisateur s’en sert pour insérer des clips audio à diffuser sur les médias sociaux. Et c’est un logiciel-service, alors je touche d’appréciables redevances mensuelles. »

Quand M. Cash exerçait comme indépendant, son fils de 5 ans, frappé par une ostéopathie, a été contraint de porter un corset durant un certain temps. L’ancien député, qui a dû cesser de travailler pour s’occuper du petit Charlie, déplore l’insécurité dans laquelle doivent vivre les autonomes. « Adieu, congé de maladie, régime de retraite, solution de rechange. Un accident de vélo suffit à vous plonger dans la dèche. »

Je demande à Mme Carranza, qui a fait reluire ma cuisine, si elle a un plan B. « J’arriverai toujours à m’en tirer. Je peux compter sur ma famille, sur un réseau de soutien, si jamais les affaires vont mal. Je vois les choses du bon côté. C’est parce que je fais de l’entretien ménager que j’ai le loisir de m’adonner à ma passion, la musique. Téméraire peut-être, mais lucide, j’ai les pieds sur terre. Sans pour autant cesser de rêver. »