Une illustration d’un téléscripteur au sommet d’une rangée de maisons
Affaires et économie

Stratégies hypothécaires pratiques contre l’incertitude

Une bonne compréhension des répercussions de la baisse du taux directeur de ce mois-ci sur les taux hypothécaires peut calmer les inquiétudes des propriétaires et favoriser le choix de stratégies judicieuses pour l’avenir.

Le 5 juin, la Banque du Canada a annoncé une réduction du taux directeur, qui se situe désormais à 4,75 %, sachant qu’une autre baisse est attendue le 24 juillet. C’est une bonne nouvelle, après les 10 augmentations décrétées de mars 2022 à juillet 2023. De nombreux experts ont spéculé sur les éventuelles répercussions qu’aura cette baisse – la première depuis plusieurs années – sur les taux hypothécaires. Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, 45 % des prêts hypothécaires devront être renouvelés en 2024 et 2025, dans un contexte, faut-il le rappeler, bien différent de celui de 2020 et de 2021, quand les taux atteignaient des creux records. 

Être propriétaire, c’est aussi devoir tirer son épingle du jeu malgré les fluctuations des taux hypothécaires. Ceux d’entre nous qui ignorent les incidences réelles de ces variations sur leur emprunt hypothécaire peuvent être pris de panique à l’idée de la prochaine annonce de la banque centrale. Dans un entretien tenu avant l’annonce de la Banque du Canada, Judy McKenna, CPA de Toronto, conseille plutôt de garder son calme et de faire ses calculs. « Si Tiff Macklem, le gouverneur de la Banque du Canada, baisse le taux d’un quart de point de pourcentage, ce sera un signal. Une réduction permettrait de croire que la tendance future sera baissière, explique-t-elle. Mais franchement, une éventuelle baisse serait minime. Il faut du temps pour que de telles variations puissent jouer en notre faveur. Chose certaine, toutefois, plusieurs baisses consécutives seraient une bonne nouvelle pour les personnes qui doivent renouveler leur emprunt hypothécaire ou qui ont opté pour un taux variable. » 

Même si l’on peut se croire en terrain mouvant, il est essentiel de penser à long terme pour atteindre ses objectifs financiers. Une bonne stratégie hypothécaire est d’une importance capitale. « Je recommande toujours de diviser l’emprunt en deux parts, une à taux fixe et une à taux variable. Cette solution, peu courante il y a quelques années, gagne en popularité. Les paiements sont ainsi prévisibles et raisonnables – le taux fixe ne change pas. Seule une portion de l’emprunt peut être une source de préoccupation. Il faut savoir qu’en principe, les emprunts hypothécaires à taux variable coûtent moins cher aux propriétaires : c’est ce qui ressort des données sur la question. Mais les gens demeurent fortement ébranlés par les événements des dernières années. En optant pour une part fixe, on se procure une certaine tranquillité d’esprit. »

Une fois qu’on a réparti ainsi son emprunt, il faut prendre des décisions judicieuses pour que la stratégie porte véritablement ses fruits. La CPA donne l’exemple d’un client qui, lorsque les taux étaient bas, a emprunté ailleurs pour payer la part à taux fixe. « Il faut toujours rembourser la part assortie du taux d’intérêt le plus élevé, rappelle-t-elle. Surtout, comparez les taux offerts! Faites affaire avec plus d’une banque pour tirer avantage de la concurrence. Les institutions financières veulent toutes vous compter parmi leurs clients. » 

Profitez-en pour rafraîchir vos compétences financières (ou aider vos clients à le faire), notamment avant le renouvellement de votre emprunt hypothécaire. Avant toute chose, Judy McKenna conseille aux propriétaires de se tenir au courant des annonces de la Banque du Canada, de suivre l’évolution des taux d’emploi et du produit intérieur brut ainsi que des taux des obligations (les taux fixes sont souvent étroitement liés aux taux obligataires, et les taux variables reflètent habituellement les taux fixes). La tenue d’élections fédérales au Canada ou d’élections présidentielles chez nos voisins du Sud est aussi un facteur important. « Il faut dégager les tendances : ce sont des variables dont Tiff Macklem tient compte avant de prendre une décision. » 

Et si possible, délaissez certaines dépenses superflues pour plutôt consacrer ces fonds au remboursement de votre emprunt hypothécaire (vous pouvez en général rembourser par anticipation un pourcentage du capital). « Par exemple, si vous disposez de 500 $ ce mois-ci, versez-le sur votre emprunt. Ne vous sentez pas mal de ne pas avoir 50 000 $ d’un seul coup : le contraire serait plutôt rare. Petit à petit, faites des paiements supplémentaires, en transférant des fonds de votre compte. Il n’y aura peut-être pas de gratification immédiate, mais au moment du renouvellement, vous vous sentirez mieux à l’idée d’une somme moindre à rembourser. Le jeu en vaut la chandelle, pour gagner en tranquillité d’esprit. »