Le Canada se taille une place enviable en normalisation de l’information sur la durabilité
Le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CCNID) va publier de nouvelles normes sur les informations à fournir sur les risques liés aux changements climatiques, dont l’adoption pourrait changer la donne, au pays comme à l’étranger. Ces normes, qui s’inspirent de celles du Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité (ISSB), placeront l’intérêt public en tête de liste des priorités organisationnelles et aideront le Canada à rester dans la course sur la scène internationale.
« L’information sur la durabilité offre une vue d’ensemble sur les possibilités et risques qui se présentent aux organisations, explique Rosemary McGuire, vice-présidente, Expérience des membres, à CPA Canada. Elle doit être cohérente, comparable et fiable afin que les investisseurs puissent prendre des décisions éclairées en matière d’achats et d’investissement. »
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Tout le monde y gagne lorsque cette information est transparente et à jour : les investisseurs, certes, mais aussi les propriétaires, les clients et les employés. « On peut s’en servir pour prendre des décisions à long terme, fondées sur la connaissance des risques, soutient Taryn Abate, directrice, Recherche et leadership intellectuel, à CPA Canada. Par exemple, selon l’information présentée à la COP28, nous ne sommes pas en voie d’atteindre nos cibles climatiques. Le savoir, c’est la clé du changement. »
L’existence de normes d’information déjà bien établies – pensons à celles de l’Union européenne – montre tout le sérieux accordé à cette question. « Toute la chaîne de valeur est concernée, poursuit Rosemary McGuire. Les entreprises doivent rendre compte de leurs propres activités, mais aussi de l’incidence environnementale de l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement. »
Emboîter le pas à l’ISSB comporte de nombreux avantages, le principal étant de renforcer la comparabilité de nos normes à l’échelle mondiale. « Nous devons composer avec des marchés financiers mondiaux, rappelle Rosemary McGuire. En général, les grandes entreprises d’ici présentent de l’information sur la durabilité, mais la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Et en l’absence de paramètres précis, impossible d’établir des comparaisons pertinentes. »
L’adoption d’un référentiel entièrement distinct alourdirait le fardeau des organisations : elles seraient tenues de respecter des normes nationales, tout en prouvant leur conformité à la réglementation internationale. Le CCNID veille cependant au respect de critères propres au Canada, notamment à l’égard des peuples autochtones et de la forte proportion de petites entités dans notre économie. « Grâce au CCNID, nous avons la capacité de nous adapter afin de maintenir la comparabilité de l’information à l’international, renchérit Taryn Abate. »
Les normes reconnues mondialement constituent des outils essentiels pour atténuer le risque d’écoblanchiment; leur adoption contribue en outre à éviter que des obligations réglementaires fassent double emploi avec des projets de loi tels C-59.
En durabilité comme en lutte contre les changements climatiques, les belles promesses ne suffisent plus : c’est l’heure de passer à l’action. Si le gouvernement ne redouble pas d’efforts dans le dossier des normes d’information, le Canada ne pourra qu’y perdre au change. « En l’absence d’informations, les investisseurs seront contraints de tirer leurs propres conclusions, indique Rosemary McGuire. Un tel silence peut aussi donner à penser que la durabilité n’est pas au cœur des priorités d’une organisation. D’où l’importance de s’exprimer sur le sujet. »
Taryn Abate abonde dans le même sens : « Les investisseurs tiennent à ces informations. Nous devons les présenter pour jouer à armes égales avec les autres nations, et attirer davantage de capitaux étrangers. »
Soutenir la mise en œuvre des normes d’information sur la durabilité dans tous les secteurs enverra un message clair à la communauté internationale : notre pays ne se contentera pas de suivre le rythme, il va dicter l’évolution de ce domaine fondamental. « Le Canada laisse sa marque dans nombre de secteurs, à bien des égards, et la normalisation ne fait pas exception », conclut Rosemary McGuire.