L’essor des marchés volontaires du carbone (et ce que vous devez savoir)
Au chapitre de la réduction des gaz à effet de serre, les attentes à l’égard des entreprises s’intensifient depuis un moment déjà. Clients, politiciens, prêteurs et autres partenaires demandent tous une meilleure reddition de comptes quant aux émissions de gaz à effet de serre (GES) et à leur réduction. Et de telles pressions se répercutent sur l’évolution des marchés.
Au Canada, les marchés volontaires du carbone (MVC) commencent de plus en plus à s’imposer. Les professionnels de la comptabilité se familiarisent donc avec le système, en prévision d’une comptabilisation obligatoire dans les bilans financiers.
Essentiellement, un marché du carbone permet aux acheteurs et aux vendeurs d’effectuer des transactions sur des crédits de carbone, dont chacun correspond à une tonne de dioxyde de carbone évitée, réduite ou éliminée de l’atmosphère. Dans la plupart des cas, ces crédits intéressent les organisations qui souhaitent se rapprocher de leurs cibles de réduction, mais ne sont pas en mesure de compenser elles-mêmes leurs émissions.
Des marchés en évolution
Récemment, CPA Canada, en collaboration avec la Fédération internationale des comptables (IFAC) et l’Institute for Sustainable Finance, a publié un deuxième rapport sur les MVC, intitulé Comprendre les marchés volontaires du carbone : principaux points à considérer par les professionnels comptables et les acheteurs relativement au cycle de vie des crédits carbone. Le rapport encourage les CPA à suivre l’actualité du domaine afin de pouvoir bien conseiller leurs clients le moment venu. On y trouve aussi de l’information sur les divers MVC et leur évolution, sur les différents types de crédits de carbone et sur leur utilisation actuelle.
« L’atténuation des changements climatiques est désormais une préoccupation universelle », résume Marija Loubser, anciennement directrice de projets, Recherche et leadership intellectuel, à CPA Canada. « À la COP28, nous avons bien vu la pression pour que les entreprises réduisent leurs émissions, le but ultime étant évidemment la décarbonation des activités de l’entité et de ses chaînes de valeur. Mais certaines émissions demeureront inévitables. Les crédits et les technologies d’élimination, conjugués à la prévention et à la réduction des émissions, sont des outils reconnus pour concrétiser la transition à une économie à faibles émissions de carbone. »
« Dans ce contexte, nous devons développer un marché qui repose sur l’intégrité et la confiance. Nous tenons à ce que nos membres connaissent les critères à examiner et sachent faire les analyses nécessaires pour atténuer le risque d’acheter un crédit de piètre qualité. »
En effet, il existe généralement deux types de crédits : les crédits carbone liés à l’évitement (délivrés pour l’abandon d’activités qui auraient émis des GES) et ceux liés à l’élimination (délivrés pour le retrait de carbone de l’atmosphère). Comme la mesure de l’incidence d’un crédit lié à l’évitement s’avère complexe, les crédits liés à l’élimination ont plus de valeur aux yeux des parties prenantes. La deuxième publication de la série comprend une liste des facteurs clés que doivent prendre en considération les acheteurs pour leurs transactions sur les MVC, notamment les conflits d’intérêts, les calculs des réductions des émissions et le risque d’une comptabilisation en double.
Une participation volontaire
Les MVC se distinguent des marchés réglementés du carbone en ce que les entreprises y compensent « volontairement » leur empreinte carbone au lieu de se conformer à des règles externes. Et ce ne sont pas toutes les sociétés qui adhèrent à ce système. Selon les échos entendus par Marija Loubser, certains émetteurs importants ne font pas encore confiance au marché et pourraient choisir d’investir dans des technologies qui leur permettraient de générer activement des crédits carbone liés à l’élimination au lieu d’acheter les crédits en circulation aujourd’hui.
Les investisseurs institutionnels, à l’autre bout du continuum de l’adoption, pourraient bien être les chefs de file du mouvement des MVC. Marija Loubser a même vu de grands gestionnaires d’actifs renoncer à investir dans des entités qui ne prenaient pas la réduction des émissions au sérieux. « Les entreprises qui ne se soucient pas des changements climatiques et d’autres conséquences environnementales pourraient voir leur accès aux capitaux entravé, et leur réputation ternie. »
Le sujet vous intéresse? Ne manquez pas les prochains rapports de CPA Canada et ses partenaires dans la série sur les marchés du carbone.