Une entreprise québécoise révolutionne la certification
Pour de nombreuses PME, clôture de fin d’année rime avec complexité. Simon Langlois en sait quelque chose, lui qui a passé quelques années en certification dans une grande firme, PwC, avant d’occuper un poste de directeur financier dans une jeune pousse techno, Poka.
Ce CPA de Québec a pu constater que, en raison d’une rareté de main-d’œuvre et d’un recours encore faible à l’automatisation, les services de certification coûtent de plus en plus cher à des clients qui voient les délais s’étirer.
Sa réponse au problème : Stamped, une plateforme d’automatisation entièrement infonuagique qu’il cofonde en 2018. Objectif? Moderniser l’expérience quand vient le temps d’acquitter les impôts d’une société, de produire un rapport financier ou de réaliser une mission de compilation. Cible? Les cabinets et les PME.
Formule tout-en-un
Au moyen d’API (ou interfaces de programmation d’application), Stamped permet de connecter en un seul endroit des solutions comptables, comme QuickBooks ou Xero, et des comptes bancaires. Les infos colligées sont ensuite traitées par un algorithme d’apprentissage machine qui identifie les lignes à intégrer pour bâtir, par exemple, un état financier. Puis, les dossiers ou rapports générés sont révisés par des CPA, et peuvent ensuite être transmis électroniquement au besoin.
« Pour de nombreuses PME, observe Simon Langlois, les validations de fin d’année, tant comptables que fiscales, sont l’équivalent de s’enlever une épine du pied : on veut que ça dure le moins longtemps possible pour passer à autre chose. Et c’est ce que permet notre application : les personnes ainsi libérées de certaines tâches peuvent se concentrer sur la véritable valeur ajoutée de leur rôle, que ce soit à la tête de l’entreprise ou comme conseiller de confiance. »
Créneau porteur
L’entreprise, qui compte aujourd’hui une vingtaine d’employés et plus de 500 clients, comporte deux divisions : Stamped Technologies, qui développe la plateforme, et Stamped CPA, qui agit comme laboratoire d’innovation et teste les fonctionnalités auprès de PME. « Ce cabinet-lab nous permet de tester de nouvelles fonctionnalités et de corriger les bogues avant que la solution ne soit déployée chez nos clients-cabinets qui ont des licences. »
Simon Langlois est conscient d’une certaine résistance du milieu à implanter une nouvelle technologie. Après tout, pourquoi des cabinets convertiraient-ils leur système si celui-ci fonctionne depuis des décennies? « Parce que l’application aide à faire plus avec moins, à avoir plus de clients sans avoir plus d’employés, ce qui permet de générer des profits additionnels », explique-t-il.
Et puis il y a des vents contraires, souligne l’entrepreneur. « Certains cabinets de CPA, notamment parmi les petits, ont parfois du mal à recruter face aux poids lourds que sont les grandes firmes. Notre application les aide à réduire ces tâches fastidieuses, souvent perçues comme des irritants par leurs employés. » Une bonne idée, quand on mesure à quel point ce ne sont pas les clients qui manquent par les temps qui courent, mais bien les professionnels en exercice.
Il faut ajouter à cela l’inflation qui, dans les dernières années, a contribué à faire monter les salaires des CPA, y compris du côté des entreprises. « Certaines PME ne peuvent plus se payer un service financier complet à l’interne et ont recours à un directeur financier externalisé qui peut gérer 4, 5 ou 6 cabinets comptables différents. Stamped peut les aider en regroupant tout au même endroit, en centralisant les informations, et ainsi gagner en productivité. »
Stamped profite aussi d’un autre avantage : Simon Langlois est CPA et entrepreneur. Il parle donc parfaitement le langage de ses investisseurs comme celui de ses clients, cabinets comme PME. « On sait parfaitement se mettre à leur place. »
À l’horizon
Après avoir investi pendant plusieurs années dans le développement de la plateforme, Stamped veut porter une attention particulière aux cabinets de CPA, afin de les soutenir dans l’automatisation des services de conformité de fin d’année.
« Nous voulons avancer vers les missions d’examen et les missions d’audit, qui demandent plus de fonctionnalités et d’IA. Nous travaillons actuellement à intégrer de l’IA générative à notre plateforme pour aider les professionnels en exercice à documenter leurs dossiers de travail et générer des requêtes clients de manière assistée, en utilisant les récents progrès faits avec les grands modèles de langage. Ceux-ci aident à bâtir des systèmes de recommandation personnalisés et permettront de répondre à des besoins précis en conformité fiscale et comptable. » La prochaine saison d’impôts s’annonce captivante.