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Livraison de nourriture commandée en ligne pendant le Grand Confinement. Restez à la maison, nous livrons, peut-on lire sur la caisse du livreur.
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PME : 11 conseils pour réagir au quart de tour, pandémie oblige

Les entrepreneurs rivalisent d’ingéniosité pour composer avec un monde en crise. Conseils et idées pour partir du bon pied.

Livraison de nourriture commandée en ligne pendant le Grand Confinement. Restez à la maison, nous livrons, peut-on lire sur la caisse du livreur.Bon nombre de restaurants ont commencé à livrer à domicile en plus d’offrir des mets à emporter. (Getty Images/svetikd)

Distillateurs de vodka devenus producteurs de désinfectant pour les mains, constructeur de pièces automobiles passé à fabricant de ventilateurs à usage médical... décidément, les dernières semaines ont amené les entreprises à faire des pirouettes pour s’ajuster aux demandes du marché, face à la crise que nous vivons.

« Par le passé, les entreprises prenaient leur temps pour élaborer une stratégie, mais la pandémie a carrément changé la donne », souligne Ismail Akhter, CPA, directeur adjoint, Membres en cabinet, audit, certification et information financière, à CPA Canada.

Mais que faire si votre entreprise, en mal d’inspiration, a du mal à s’adapter au chamboulement?

Lior Zehtser, cofondateur du cabinet en ligne ConnectCPA : « Pour entreprendre un virage, il faut vraiment sortir des sentiers battus et être prêt à prendre un risque ou à mettre à l’essai un modèle différent ou unique en son genre. Il est évident que votre idée ne doit pas comporter de risques de contacts étroits, par les temps qui courent. Donc, tout ce qui est basé sur la livraison, ou, en tout cas, sur l’absence de contacts physiques, serait un bon début. »

Voici quelques idées pour se réinventer, en s’inspirant des entreprises qui ont su ménager la transition.

1) OPTEZ POUR LA LIVRAISON

Tel que le suggère M. Zehtser, on a vu surgir de nouvelles entreprises de livraison; les services alimentaires sont ici aux premières loges. « On répond à des besoins constants et la demande reste forte. »

Parmi les nombreuses solutions novatrices, il y a celle que propose Virtual Front Desk, à Montréal, qui aide les aînés à faire leurs courses à domicile, en communiquant par vidéo avec un commis à l’épicerie.

Il y a aussi Culinary Adventure, à Toronto, qui organise en temps normal des tournées épicuriennes dans différents quartiers. L’entreprise a créé ce qu’elle appelle des « Food Tours in a Box », une sélection de plats et de gourmandises de choix, provenant de différents quartiers et partenaires, livrée à domicile.

2) TENEZ-VOUS-EN À L’ESSENTIEL

Comme la demande monte en flèche dans certains secteurs, on peut choisir de limiter l’étendue de la gamme proposée pour optimiser ses ressources. ItalPasta, par exemple, fabriquait 63 types de pâtes. Ces temps-ci, elle se concentre sur les six meilleurs vendeurs de sa gamme Tradizionale. « L’heure n’est plus à la fantaisie; on veut des pâtes, un point c’est tout », concède Joseph Vitale, propriétaire et président de l’entreprise.

De même, la papetière Kruger ne fabrique plus que ses marques et formats les plus demandés, par exemple le papier hygiénique Cashmere et les essuie-tout SpongeTowels.

« Il faut cerner les besoins prioritaires, écouter sa clientèle et se concentrer sur les articles essentiels, en grande demande. C’est la clé de l’efficience », résume M. Akhter.

3) TOURNEZ-VOUS VERS LES DIVERTISSEMENTS

Claquemurés chez eux, les consommateurs sont en quête de divertissements (surtout si l’activité proposée rassemble toute la maisonnée) pour chasser l’ennui et faire naître des moments mémorables. Gordon Johansen, propriétaire de Sentry Box, un magasin de jeux de Calgary, a remarqué que la demande de produits ludiques a été soutenue. « On veut s’occuper, se distraire. »

Comme Sentry Box, Matthew Stepanic, copropriétaire de la librairie Glass Bookshop, à Edmonton, a commencé à offrir des services de livraison. Il a dû se résigner à ne plus accueillir de clients en personne, mais, depuis, les commandes ont quadruplé. « Lassé de Netflix, on se plonge volontiers dans un livre, source de réconfort et de plaisir », constate-t-il.

4) ÉTOFFEZ VOTRE GAMME DE PRODUITS

Les entreprises du secteur alimentaire, entre autres, sont à l’écoute des clients et fournissent de nouveaux services. Par exemple, Fruit Suite, qui livrait des fruits et des collations dans des bureaux, s’est tournée vers les livraisons à domicile; elle a ajouté œufs, pain et légumes à son panier. « L’entreprise cherche à se diversifier en se tournant vers d’autres denrées », précise M. Zehtser.

Dans la même veine, plusieurs restaurants lancent des comptoirs en ligne. Sur le marché virtuel d’Occo Kitchen, à Ottawa, on trouve de de tout : des saucisses à griller au petit-déjeuner au lait d’amande, il y en a pour tous les goûts.

5) PENSEZ SANTÉ

L’idéal, c’est de se rendre utile et d’assurer la continuité de ses activités. Ainsi, tout comme la québécoise Pur Vodka, les distilleries Spirit of York et Geoff Dillon’s Small Batch fabriquent du désinfectant pour les mains. « Généreuses, elles offrent aussi leur précieux produit à prix réduit, voire gratuitement, aux fournisseurs de services essentiels ou à ceux qui manquent de moyens, explique M. Akhter. Un geste de solidarité qui permet aussi de fidéliser les clients. »

La montréalaise Stimulation Déjà Vu élabore des parfums d’ambiance qui évoquent des événements et des lieux de la métropole québécoise. Elle propose une nouveauté qui sort de l’ordinaire : des solutions antibactériennes (80 % d’alcool) parfumées, en vaporisateur, aux noms évocateurs comme Balade en hiver ou Voyage de ma fenêtre. À n’en pas douter, ces vaporisateurs s’intégreront plus tard à notre gamme régulière, affirme Audrey Bernard, fondatrice et présidente.

Leslie Brooks, présidente de Hippo Hug, à Calgary, propose une gamme de couvertures lestées, aux vertus apaisantes. Devant la pandémie, l’entreprise s’est attelée à la production de masques en tissu. Un franc succès : comptez deux à quatre semaines avant de recevoir le vôtre. S’ajouteront-ils pour de bon à la gamme d’articles proposés? Selon un chercheur en virologie, les masques, outils essentiels ou simples accessoires de mode, deviendront peut-être omniprésents dans un monde post-COVID-19.

6) PASSEZ EN MODE VIRTUEL

À l’heure où les festivals, concerts et autres sont mis en veilleuse ou annulés, la diffusion en direct et la vidéoconférence entrent en jeu pour nous permettre de garder le contact. Comme le fait remarquer Ismail Akhter, ces moyens technologiques servent aussi de vitrine pour joindre un nouveau public et nouer des liens outre-frontière.

Les exemples abondent. Les musiciens jouent sur des plateformes comme Instagram Live, assorties d’un lien pour faire un don si le cœur vous en dit. Les centres d’entraînement proposent des séances virtuelles; c’est ce que fait le studio de yoga Namaste, à Corner Brook, à Terre-Neuve-et-Labrador. Et les écoles de musique comme Fantasie, à Halifax, sont elles aussi entrées dans la danse.

Comme le dit Nancy Buckle, du studio Namaste, « c’est tout à fait sensé de passer en mode virtuel, si on peut le faire ».

7) FAITES APPEL AUX PÉPINIÈRES D’ENTREPRISES

C’est dans les pépinières qu’on cultive des idées et qu’on noue des liens. Chaque année, MT Lab, à Montréal, accueille un certain nombre de jeunes pousses qui créent des solutions innovantes pour de grands acteurs du tourisme, de la culture et du divertissement. Récemment, MT Lab s’est associé à d’autres partenaires pour lancer un appel à solutions immédiates pour traverser la crise. Selon le directeur général, Martin Lessard, en compilant les idées dans un catalogue et en les rendant publiques, on crée des occasions.

L’appel a suscité une vague de participation et Stay22 s’est mise de la partie. L’entreprise, qui aide les voyageurs à trouver des hôtels ou des chambres Airbnb à proximité des événements, a conçu une plateforme pour aider les travailleurs de la santé à se loger près des cliniques ou des hôpitaux.

Le laboratoire d’idées prépare un autre catalogue de solutions envisageables dans le contexte de la COVID-19, qui sera publié une fois le pic de la crise passé, a expliqué M. Lessard.

8) PUISEZ VOTRE INSPIRATION À L’ÉCHELLE MONDIALE

Facile de s’inspirer des bonnes idées de chez nous, mais il y en a d’autres ailleurs dans le monde. Une recherche en ligne sur Gofundme avec les mots anglais « ventilator COVID », donnait récemment 1 559 résultats (26, au Canada). Et les résultats pour « gloves COVID-19 » étaient encore plus impressionnants : 2 615 au total; 76 au Canada.

Il semble que peu importe où l’on regarde, les idées bouillonnent. Au pays de Galles, des chercheurs ont mis au point un cache-cou antivirus, à remonter sur le nez en guise de masque protecteur, et un ouvre-porte mains libres. En Jamaïque, un étudiant a élaboré un dispositif à ultraviolets pour tuer les bactéries sur les poignées de porte. Au Maroc, des étudiants ont mis au point un respirateur qui fournit des informations au médecin à distance; ce dernier peut modifier les réglages, toujours à distance, selon les besoins du patient.

« Sur la planète, nous sommes interconnectés comme jamais, rappelle M. Akhter. C’est intéressant de voir d’autres entreprises s’adapter, et on peut bien sûr y trouver de l’inspiration. »

9) RESTEZ PRÉSENT DANS VOTRE MILIEU

De nombreux restaurants modifient leur menu en fonction de la situation actuelle, en tenant compte des réalités de leur quartier. Par exemple, le restaurant montréalais La Prunelle a créé un marché inspiré de la cuisine de rue : il sert des produits locaux haut de gamme, à travers un guichet.

De son côté, le restaurant Rasa de Toronto a informé ses voisins qu’il proposait des plats à emporter en leur envoyant une bonne vieille lettre (livrée avec toutes les précautions voulues, précise-t-on). On y indiquait qu’à titre de voisins, ils auraient droit à une réduction de 10 % sur toutes les commandes de plats à emporter passées par téléphone. Les plats en question se sont vendus comme des petits pains, au point où le restaurant a dû se réapprovisionner.

À New Westminster, en Colombie-Britannique, Alejandro Diaz est propriétaire de deux restaurants (El Santo et Amaranthus), qui sont tous deux fermés pour l’instant. Il propose plutôt, une fois par semaine, un repas trois services à emporter. Il s’est également associé à la Royal Columbian Hospital Foundation pour fournir 150 repas au personnel de l’hôpital, chaque lundi.

Le restaurateur, qui a une formation en finance, a vu son chiffre d’affaires s’effondrer, mais il juge essentiel de rester fidèle aux valeurs de son entreprise et de rester ancré dans la collectivité. « Il faut aller au-delà des chiffres, dit-il. Quand les choses vont reprendre, nous serons là, fidèles au poste. »

10) BESOIN DE CONSEILS?

Grâce au nouveau Service de résilience des entreprises (SRE)*, vous pouvez parler à un conseiller expérimenté – notamment 125 CPA des quatre coins du pays – pour obtenir des lignes directrices sur divers aspects. Par exemple, quels programmes d’aide publics sont le plus appropriés à votre situation? Comment repenser vos méthodes et activités dans le contexte de la pandémie? Financé par le gouvernement du Canada, ce service d’assistance téléphonique bilingue, disponible pour quatre semaines, a été lancé le 25 mai dernier.

11) SOYEZ À L’AFFÛT DES TENDANCES

Comme le souligne M. Akhter, devant la pandémie, les paramètres évoluent sans cesse, et on réinvente la normalité à mesure. « Peu importe quand la crise se terminera, pour les PME, les choses ont changé, et pour de bon. C’est pourquoi il faut se tenir au courant des recherches sur les tendances de consommation et dresser un plan souple, pour pouvoir s’adapter. »

COVID-19 : AUTRES NOUVELLES

Apprenez à composer avec les conséquences de la pandémie de COVID-19, notamment en lisant des conseils pour survivre à la crise et faciliter la poursuite de vos activités. Par ailleurs, visionnez notre webinaire gratuit sur l’optimisation de votre entreprise pendant et après la pandémie.

*Cet article a été mis à jour le 2 juin 2020 pour inclure de l’information sur le SRE.